Le spécialiste américain a défendu l'option gaz de schiste en se basant sur les conclusions d'une étude menée en Pensylvanie, aux Etats-Unis. Le dossier gaz de schiste fait décidément l'objet d'un forcing de Sonatrach. Dans la foulée des actions de communication déjà entreprises, la Compagnie nationale pétrolière a invité Thomas Murphy, un expert américain, directeur du centre Marcellus pour la sensibilisation et la recherche (Mcor) de Pennsylvanie, à débattre avec la presse des questions environnementales liées à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste. Le spécialiste a tenté de lever en s'appuyant sur une étude sur le retour d'expérience dans l'exploitation du gaz de schiste en Pennsylvanie, les principales appréhensions liées aux risques environnementaux relatifs au développement des ressources non conventionnelles. Thomas Murphy a rappelé que la contamination de l'eau, l'infiltration du gaz dans l'eau potable, les défaillances dans les procédures d'enfouissement des déchets chimiques sont les principaux risques liés à l'exploitation du gaz de schiste. "L'évolution technologique a permis de trouver des solutions à ces risques, mais les populations locales doivent être informées", a-t-il argué. La transparence dans la communication est nécessaire L'expert américain a insisté sur l'importance de la transparence dans la communication en direction des populations quant aux avantages et aux risques liés à l'exploitation du gaz de schiste. Pour les premiers, les avantages en termes de création d'emplois dans la région, la formation, les revenus tirés, le développement local boosté par l'activité gaz de schiste doivent être présentés aux populations de la région ou vivant à proximité des puits. Quant aux seconds, les résultats des contrôles ou inspections, particulièrement sur la qualité de la fracturation hydraulique, doivent être rendus publics, notamment via Internet. Il a ajouté qu'en Pennsylvanie, des centaines d'inspecteurs font le contrôle au niveau des puits. Ils sont indépendants, intègres et crédibles. Toujours en Pennsylvanie, ces inspecteurs ont réussi à gagner, selon Thomas Murphy, la confiance de la population quant aux évaluations et aux conclusions faites. Sur l'expérience de Pennsylvanie où ont été forés 12 608 puits de gaz de schiste depuis 2004, il a souligné qu'il n'a pas été constaté d'infiltrations de déchets chimiques dans les nappes d'eau. En revanche, des cas d'infiltration de gaz dans l'eau ont été enregistrés. "Dans l'eau, le gaz devient explosif", a-t-il précisé. Mais ces cas sont peu nombreux. Ces défaillances dans l'étanchéité des puits de gaz de schiste tendent à se réduire. Pas de risque zéro Nuançant ses propos, l'expert américain a souligné qu'il n'y a pas de risque zéro dans l'exploitation du gaz de schiste. Les risques sont minimisés par l'évolution des technologies qui garantissent aujourd'hui l'étanchéité parfaite du puits empêchant toute contamination de la nappe phréatique, à en croire ce spécialiste. Aussi, les déchets chimiques qui remontent à la surface sont traités. Même l'eau peut être traitée et en grande partie réutilisée dans l'injection pratiquée pour soutirer le gaz. Tout cela a été permis par l'évolution des technologies dans l'exploitation du gaz de schiste. Sur les innovations, il a répondu que la facturation sèche est utilisée dans quelques puits en Pennsylvanie, tandis que le propane l'est au Texas. Ces procédés peuvent remplacer la fracturation hydraulique. Mais ces nouvelles technologies sont coûteuses aujourd'hui, a-t-il ajouté. Par rapport aux ressources en eau, l'exploitation du gaz de schiste n'utilise pas beaucoup d'eau, selon lui. L'étude présentée indique que 60 millions de litres (soit 60 000 mètres cubes) sont utilisés en Pennsylvanie dans cette activité. Faut-il ou non exploiter le gaz de schiste en Algérie ? C'est aux Algériens de décider, a-t-il répondu. Dans ce sens, il a souligné qu'il faut d'abord confirmer la présence de gaz et d'établir quelles sont les quantités et si elles sont commercialement exploitables. On n'en est pas là pour l'instant. Sonatrach est au stade des études des résultats des deux puits d'exploration d'In-Salah. Il faut sans doute forer d'autres puits d'exploration pour confirmer le potentiel algérien en gaz de schiste classé troisième au monde. Mais il convient de présenter aux populations du Sud des garanties que ni leurs nappes d'eau, ni leur environnement, ni leur santé ne seront affectés tout en leur présentant les dividendes qu'ils peuvent tirer de cette activité en termes d'emplois créés, de revenus et d'essor économique de la région, si on veut convaincre la société civile d'opter pour le gaz de schiste. K. R