L'Ordre national des architectes a élu hier son nouveau conseil national, lors d'un congrès extraordinaire tenu au siège de l'organisation, à Alger, qui a regroupé quelque cent trente membres issus des seize conseils locaux. La tenue de ce congrès vient ainsi mettre fin à une “crise majeure”, selon l'expression du président du Conseil national de transition, installé en juin dernier, pour s'atteler à la préparation de ces assise extraordinaires. Depuis 1999, année de la fin des mandats de ses instances élues, et jusqu'à hier, l'Ordre des architectes était confronté à “un vide juridique” qui le paralysait alors même que “l'environnement économique et social très difficile” l'interpellait pour la sauvegarde des intérêts de la corporation et de l'exercice du métier d'architecte. Pendant cinq ans, les architectes allaient assister, impuissants, à leur propre exclusion dans la prise de décisions engageant la profession et son avenir. “De l'Ordre, nous sommes devenus le désordre”, c'est par cette petite phrase que le président du bureau du congrès a résumé une telle situation qui allait donner naissance, selon ses propos, à “des instances locales et nationales parallèles, des immatriculations anarchiques, des inscriptions à la demande, des prestations de serment à la sauvette,…” C'est dans ce contexte de déliquescence que le séisme du 21 mai 2003 est venu rappeler aux architectes l'étendue de la crise vécue par la corporation et, par là même, signifier à tous l'urgence d'une véritable résurgence afin de préserver la profession. Le congrès extraordinaire tenu hier se fixe donc comme objectif principal de mettre fin à la crise. “Mais c'est déjà tout un programme”, dira le président du Conseil transitoire. Le conseil national élu lors de ces assises aura pour tâches prioritaires l'assainissement du fichier, l'amendement des textes devenus obsolètes, l'application du nouveau découpage, l'organisation d'élections locales générales, et la préparation d'un congrès national électif. L'Ordre national des architectes semble décidé à “prendre le taureau par les cornes” afin de s'affirmer comme un acteur incontournable dans tout ce que les pouvoirs publics entreprennent en matière de construction et d'urbanisme. Les architectes tiennent à être associés au programme de construction de un million de logements annoncé par le gouvernement et refusent que les entreprises de réalisation prennent en charge la phase des études, comme c'est le cas pour les programmes Aadl notamment. Ils dénoncent les interventions multiples de divers acteurs dans leur profession, à l'exemple du ministère des Finances qui, par le biais des conservations foncières qui sont sous sa tutelle, confère à des experts géomètres la prérogative d'établir des plans annexés aux états descriptifs de division, nécessaires à l'établissement d'actes notariés alors que l'arrêté du 9 mars 1978, toujours en vigueur, reconnaît cette prérogative aux seuls architectes. C'est dire que les pouvoirs publics eux-mêmes ont une part de responsabilité dans l'exclusion des architectes. F. L.