Présents en masse pour l'ouverture officielle du congrès extraordinaire du Conseil de l'Ordre des architectes que devait abriter dès hier l'hôtel Le Mouflon d'or, les congressistes ont été empêchés par les agents de l'ordre d'accéder à la salle de conférences. Le congrès n'ayant pu avoir lieu verra la stagnation d'une situation déjà inextricable. En effet, la crise dans laquelle se débat le Conseil de l'Ordre des architectes remonte à la tenue du deuxième congrès national en 1999. Depuis, le Conseil national de l'Ordre des architectes (CNOA) n'a fait que s'enliser dans une crise interne inhérente, entre autres, à la désignation de M. Lezhar Djilani à la tête de l'Ordre. L'année 2000 matérialise la contestation et les dissidences qui s'ensuivront au sein même du CNOA. Refusant la tenue d'un congrès extraordinaire conformément aux recommandations du deuxième congrès, le président crée par l'application de multiples décisions - dont la suspension pour divers motifs de certains présidents de Conseils locaux de l'Ordre des architectes (CLOA) - un véritable mouvement de contestation, est-il rapporté dans le compte rendu destiné aux congressistes. En effet, comme a eu à le souligner hier l'actuel président du Conseil national transitoire, « il devenait impératif de mettre fin à une crise majeure qui porte avant tout préjudice à la profession ». Les congressistes présents hier (13 sur les 16 CLOA) sont, pour leur part, unanimes à dire que cette situation ne saurait perdurer. L'existence « illégitime » des CLOA bis, voire parallèles, les prestations de serments organisées « à la sauvette », les nombreux tableaux, les comptes en banque sans contrôle..., pour ne citer que ces points, ont ouvert la brèche à tous les dépassements. Convoquée en juin 2003, l'assemblée transitoire, dont le mandat était fixé à sept mois, avait désigné M. Zidane, président de l'actuel CNOA transitoire. Un objectif devait alors être atteint avant la fin de l'année en cours en vue d'apurer la situation, à savoir l'organisation d'un congrès extraordinaire. « En cours de route, nous avons demandé l'éviction de M. Djilani et la passation de consignes. Le jugement a été positif et l'ordonnance exécutoire a été prononcée le 11 septembre 2004 », explique M. Zidane. Et de poursuivre : « M. Djilani a fait appel. Cela n'a pas empêché l'organisation de ce congrès tant attendu. Or, il se trouve qu'il y a trois jours, la direction de l'hôtel Le Mouflon d'or nous a informés avoir reçu une lettre anonyme dans laquelle ne figure que le cachet du Conseil et l'en-tête de l'Ordre et dans laquelle il est récusé la tenue du congrès. Mais après négociations, il était quand même convenu que la rencontre aura lieu. Toutefois, hier, la direction de l'hôtel est revenue à la charge et nous a signifié l'interdiction de nous réunir ! » M. Zidane relève, en substance, que même si en théorie l'Ordre des architectes n'est pas tenu de demander auprès de la Direction de la réglementation des affaires générales (DRAG) une autorisation pour la tenue d'un congrès, ce détail a cette fois constitué la faille. « Mais nous sommes des légalistes et nous ne nous opposerons pas à la loi. Je tiens, en outre, à dire que ce congrès n'est pas un congrès de leadership, mais un congrès réunificateur. Il s'agit aussi d'une rencontre élective et de travail. D'autant que tous les architectes se sentent concernés par le programme du président de la République. C'est une occasion pour nous d'affirmer notre rôle de partenaire social et économique », ajoute-t-il. Interrogé sur le rôle de la tutelle, notre interlocuteur nous a rétorqué que de tout temps le ministère de l'Habitat n'a jamais été adepte d'aucune forme d'immixtion dans les affaires ni dans le fonctionnement de l'Ordre. « C'est à l'Ordre de mettre de l'ordre », conclut-il.