Egal à lui-même, Nordine Aït Hamouda n'a pas hésité, hier, à enfoncer le clou en évoquant des acteurs de la révolution dont Messali Hadj et Ben Bella, qui sont déjà au centre de la polémique qui s'est déclenchée suite aux récentes déclarations de Saïd Sadi. Animant une conférence-débat dans la salle pleine à craquer du siège du RCD au centre-ville de Tizi Ouzou, Nordine Aït Hamouda n'a pas hésité à qualifier à nouveau Messali Hadj, Ahmed Ben Bella et l'émir Abdelkader de "traîtres". "Messali Hadj est l'un des plus grands traîtres que l'Algérie ait jamais connu. Messali est responsable de la mort de milliers d'Algériens en Algérie et plus particulièrement en France", dira le fils du colonel Amirouche. Sous des tonnerres d'applaudissements, le fils du chef de la Wilaya III historique ajoute ironiquement : "Puisqu'ils ont fait de Messali Hadj un zaïm et un moudjahid parce qu'il est de Tlemcen, je propose de rebaptiser le lycée Amirouche du nom du général Belounis qui est de Bordj Ménaïel." "Lui au moins était le premier général algérien et a été tué par les Français, alors que Messali Hadj est mort avec la nationalité et le passeport français", a-t-il encore asséné avant de revenir sur le parcours de Ben Bella. Tout en soulignant que "sur le plan humain, Ben Bella a été le meilleur de tous", Nordine Aït Hamouda a tenu, en premier lieu, à souligner que "Ben Bella était un Marocain, de père et de mère, et qu'il se revendiquait Marocain". "Encore une affaire en justice s'ils veulent", ironise-t-il, avant d'ajouter : "Ben Bella n'a pas participé à l'attaque contre la poste d'Oran. Ce jour-là, il était à Alger et, de surcroît, chez une Française", révèle le fils d'Amirouche qui s'appuyait sur un document d'archives dont il n'a pas hésité à lire des passages devant l'assistance hébétée. En faisant part du contenu de ce document daté du 12 mai 1950 qui rapportait les déclarations de Ben Bella devant la police française, Nordine Aït Hamouda a révélé comment Ben Bella "dénonçait ses compatriotes de l'Organisation spéciale (OS) et du MTLD dont Khider". "C'est le MTLD qui m'a mis à la disposition de l'OS." Tels étaient quelques-uns des propos de Ben Bella lus par le conférencier, qui a souligné qu'à l'époque les responsables du MTLD recommandaient aux membres de son organisation paramilitaire, l'OS, de nier tout lien avec le MTLD en cas d'arrestation. "Si cela n'est pas de la trahison, dites-le moi", a-t-il ajouté. Egratignant Houari Addi en rappelant qu'il était le premier à applaudir la victoire du FIS, l'ex-cadre du RCD n'a pas épargné l'émir Abdelkader qui a, a-t-il expliqué, "signé le traité de la Tafna qui n'est qu'un acte de trahison à travers lequel, il a tenté de sauver sa tribu avant de finir franc-maçon". Le conférencier, qui dit ne jamais parler sans détenir les preuves, tire de ses archives la lettre adressée par l'émir au roi Philippe "pour négocier ses intérêts". S'appuyant sur des témoignages lus à l'assistance, il a également évoqué la mort d'Abane Ramdane en écartant toute implication de Krim Belkacem et en portant toute l'accusation sur Boussouf. "Boussouf a étranglé Abane de ses propres mains", dira Aït Hamouda, ajoutant au sujet de Krim : "On l'a exilé, on l'a tué et voilà qu'on vient inaugurer sa stèle confinée dans une mairie !" Le conférencier n'achève pas son discours sans répondre au ministre des Moudjahidine qui a déclaré, mercredi dernier, qu'il faut laisser l'écriture de l'histoire aux historiens et aux moudjahidine. "Un ministre qui paye des faux moudjahidine doit se taire", dit-il. "Toute cette agitation contre Saïd Sadi procède d'un anti-kabylisme primaire, mais Saïd Sadi ne s'arrêtera pas. Bientôt, il va encore revenir avec un nouveau livre explosif qui traite cette fois d'eux", a-t-il annoncé. S. L.