Les frappes aériennes égyptiennes pourraient se reproduire contre les positions du groupe état islamique (EI) en Libye, a prévenu, vendredi dernier, le chef du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. "À chaque fois qu'il y aura un danger et une menace, il y aura des frappes aériennes, en coordination totale entre l'égypte et la Libye", a affirmé le Premier ministre libyen Abdallah al-Theni à des journalistes au Caire, après des entretiens avec des responsables égyptiens. À la question d'un journaliste de savoir si l'Egypte serait directement impliquée dans ces frappes, il a répondu : "Bien sûr, je parle de raids égyptiens." Cette déclaration témoin d'un deal entre les autorités libyennes et l'égypte d'Abdel Fattah al-Sissi intervient dans le sillage des raids menés le 16 février dernier par l'aviation égyptienne contre des positions de l'EI à Derna, en représailles à la décapitation de 21 chrétiens, dont une majorité d'Egyptiens. L'Egypte, qui a littéralement basculé dans le camp des partisans de l'ingérence dans les affaires intérieures libyennes, en soutenant le gouvernement en place, a ensuite réclamé une intervention militaire internationale dans le pays auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, mais cet appel avait été accueilli avec réticence par les puissances occidentales. En réaction à cela, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a estimé qu'un accord politique entre les factions rivales en Libye n'était pas suffisant pour éliminer la menace terroriste. L'Egypte soutient, par ailleurs, la démarche du gouvernement de M. al-Theni, qui réclame à l'ONU la levée des restrictions sur les armes pour les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale pour lui permettre de lutter contre les terroristes. M. al-Theni a, dans ce sens, mis en garde contre l'expansion de l'EI dans son pays. L'EI "est très bien implanté dans la région de Syrte (nord) et ne cache pas sa présence à Tripoli, et si on ne fournit pas aux militaires les armes dont ils ont besoin, le groupe va se déployer dans toute la Libye", a-t-il mis en garde. Il a encore prévenu que si les terroristes n'étaient pas combattus, ils ne seraient pas seulement un danger pour son pays et le nord de l'Afrique "mais aussi pour l'Europe". Cela a lieu au moment où, d'autre part, l'ONU mène des consultations en vue de reprendre le dialogue politique en Libye, qui fait l'objet d'un soutien quasi unanime de la part de la communauté internationale. A. R.