Tous les ingrédients habituels étaient réunis pour la célébration du retour du printemps, Thafsouth, hormis le beau temps qui a fait faux bond ! Les organisateurs ont en tout cas tenu le pari d'organiser cette fête (le week-end dernier), même en "sacrifiant" quelques activités qui, d'habitude, se déroulent en plein air. Faut-il déroger à la tradition à cause d'une météo peu propice à la fête ? Aussi bien les organisateurs de la fête de Thafsouth que les invités et les habitués ont dit non. Ils étaient d'ailleurs nombreux à faire le déplacement de Batna et ses environs, mais aussi de Biskra pour rejoindre la perle des Aurès, Menâa. Tous les ingrédients habituels étaient réunis pour la célébration du retour du printemps, Thafsouth, hormis le beau temps qui a fait faux bond ! Les organisateurs ont en tout cas tenu le pari d'organiser cette fête, même en "sacrifiant" quelques activités qui, d'habitude, se déroulent en plein air. La visite guidée dans l'ancien village, le cycle de conférences et rencontres-débats mais aussi le partage avec les habitants dans l'ancienne dechra, Thakliaâth, les mets préparés pour l'occasion ont été maintenus, à la grande joie des présents. Lors d'une rencontre avec le public, le président de l'association Thafsouth, M. Kala, a donné un aperçu sur la genèse de cette fête, considérée comme "un ciment pour la cohésion sociale". Il a rappelé aussi que Menâa est un village "cosmopolite avec une multitude de tribus", ce qui est peu commun dans les Aurès où, d'habitude, les petites agglomérations sont homogènes, c'est-à-dire de la même appartenance tribale. "Notre cité a, selon les historiens, plusieurs siècles d'existence. Elle possède, certes, ses habitants authentiques, mais d'autres tribus sont venues s'installer dans la cité car elle s'y prêtait : sa terre fertile, la disponibilité de l'eau mais aussi et surtout sa situation géographique font d'elle un véritable carrefour entre le Sud et le Nord et une oasis en pleine montagne, ce qui est unique", a soutenu M. Kala. Pour lui, les Menâaouis ont pris l'habitude de célébrer le retour du printemps depuis très longtemps en étalant sur leurs terrasses les tapis qui ont les couleurs de cette même saison. Ceci est également une manière de montrer un savoir-faire. Cette fête est également, selon le président de l'association organisatrice de l'événement, "une aubaine pour régler les conflits et les différends entre les habitants et tribus, qui se réunissent autour d'un même couscous ou une partie de hakourth". Beaucoup de présents – dont certains assistent pour la première fois à la fête de Thafsouth – racontent que, d'après les anciens, des fêtes similaires se déroulaient dans leurs villages et hameaux mais ont disparu, car la nouvelle génération n'a pas pris le relais. On évoque également le fait que les jeunes s'intéressent à d'autres distractions qu'ils considèrent comme modernes et plus attractives. Des jeunes qui ont fait le déplacement de T'kout assurent que, dans leur village, des fêtes millénaires comme celle de Chaïb achoura ou encore la fête de l'automne (Thamghra n'tmenzouth) ne cessent de prendre de l'ampleur. Les différents intervenants aux conférences (professeurs d'histoire, anthropologues et archéologues) ont insisté sur le fait de prendre en charge l'ancien village, car, selon eux, la fête n'est qu'un levier, le vrai sujet reste la protection de l'ancien village qui subit des agressions sans cesse et de toutes sortes (naturelles et humaines). En effet, si l'ancienne dechra est considérée comme périmètre préservé, elle n'est cependant pas protégée. En outre, à l'occasion de cette fête, un fronton en tamazight a été inauguré à l'APC de Menâa. Le responsable du réseau Awal, qui regroupe les auteurs en tamazight à travers les Aurès, espère qu'en plus de l'aspect festif de ce rendez-vous, un volet sera consacré, lors des prochaines éditions, à la recherche et à la protection du patrimoine. R. H.