Résumé : Malgré l'animosité des femmes qui l'entouraient, Mordjana passe un bon après-midi, avant de se retirer dans sa chambre et de sombrer dans un profond sommeil. À son réveil, elle constate que Samir était auprès d'elle. Il l'intimidait encore un peu, et elle retint son souffle lorsqu'il passe la main sur sa tâche de vin. Mais il la rassure. Elle lui plaisait... Un monde nouveau s'ouvrait devant elle... Un cœur bat pour elle... Des sentiments naissaient en elle... Des sensations qu'elle ne connaissait pas jusqu'à ces dernières heures. Elle se sentait heureuse et se laisse aller dans les bras de son mari. Après le dîner, Mordjana demande à voir sa belle-mère. Malika hésite, puis hoche la tête : - D'accord, mais faisons d'abord la vaisselle, puis j'irai voir si elle est réveillée. L'hésitation vocale de sa belle-sœur n'avait pas échappé à Mordjana. Nul doute que la vieille femme n'admettait pas encore ce mariage. Elle se rappelle qu'elle l'avait prise en grippe dès le premier jour où elle l'avait rencontrée. Ne voulant pas envenimer les choses, Mordjana ne dit rien. Elle aide Malika à faire la vaisselle sans dire un mot. Elle avait compris qu'elle devrait se tenir à l'écart pour ne pas susciter l'animosité de sa belle-mère ou provoquer une querelle alors qu'elle était encore au début de son mariage. Samir traverse ses pensées. Voulait-il lui aussi lui épargner une scène en lui certifiant que sa mère avait besoin de repos et qu'il ne fallait pas la déranger ? Elle était certaine maintenant que depuis son arrivée, Hasna s'était réfugiée dans sa chambre pour éviter les regards malveillants et les remarques acerbes des autres femmes de la famille. Elle avait honte de sa belle-fille, et le démontrait à sa manière... Elle cachait ce dédain et ne tardera sûrement pas à l'exprimer. La jeune femme se mordit les lèvres. Il y aura toujours une note négative dans son bonheur. Sa belle-mère lui mènera la vie dure, et elle ne saura pas affronter ses excès de colère... Elle n'était pas préparée à toute cette hostilité...Certes elle avait appréhendé la réaction de son mari, mais maintenant que tout semblait baigner dans l'huile entre eux, il y a ce marasme qui resurgit. Pourtant, Hasna devrait être plutôt heureuse pour son fils ! Malika s'essuit les mains avec son tablier : -Ouf ! Quelle journée ! J'ai cru que je n'allais pas pouvoir faire face à toutes ces tâches ménagères... D'ailleurs, j'ai même abandonné mes petits aujourd'hui. Mordjana met une main sur son épaule : -Je suis désolée ma sœur... Je voulais tant t'aider... -Mais non ! Tu es la mariée... Je ne pense pas que ce soit convenable de demander ton aide alors que tu viens à peine d'emménager dans ta nouvelle demeure... Et encore, tu as préparé le café tout à l'heure pour les hommes, et tu viens de faire la vaisselle avec moi. -Je ne vois pas du tout d'inconvénients à mettre la main à la pâte... Mariée ou pas, je suis habituée à toutes ces corvées... J'ai toujours été la première levée et la dernière à se coucher. Malika lui entoure les épaules : -Ici, tu n'auras pas à te lever tôt ou à te coucher très tard... Samir s'y opposera... Elle rit, avant de poursuivre : -Et puis, même si la maison est grande, ma mère n'utilise que les chambres donnant sur la cour... Celles à l'étage demeurent fermées à longueur d'année... Nous les utilisons juste lorsqu'il y a des invités ou de grandes cérémonies. Alors, tu vois... Tu vas procéder une fois par semaine au nettoyage des trois chambres du rez-de-chaussée. Généralement, c'est le vendredi que ma mère fait sa lessive, tu en feras de même... Vous, vous aller vous entraider toutes les deux... Mais pour la cuisine... Elle soupire : -Il ne faut pas t'offusquer Mordjana... Ma maman ne mange que ce qu'elle a préparé elle-même. Heu... Tu vas sûrement aimer sa cuisine... Elle est spécialiste en la matière... Heu, mais au cas où tu veux toi-même cuisiner ou préparer quelque chose qui te tient à cœur, n'hésite pas, tu es chez toi après tout... Mordjana baisse la tête. Elle avait compris que sa belle-mère ne voulait pas qu'elle touche à la cuisine et aux repas... Elle la répugnait... C'était clair ! -Voyons Mordjana ! Ne fais pas cette tête ! -Ta mère ne voulait pas de moi dans cette maison. Elle continue à montrer son hostilité en mettant des barrières... -Quelles barrières ? Mais que vas-tu penser ? Mordjana relève la tête : -Je sais qu'elle était contre ce mariage. Moi non plus, je n'étais pas emballée. Mais les jeux étaient faits... On nous a "vendus"... Que pouvait-on faire ? Elle... Du moins, aurait pu s'opposer farouchement... De même... De même que Samir... -Pourquoi Samir ? Il semble plutôt avoir trouvé son compte avec toi... (À suivre) Y. H.