Contre toute attente, le véhicule neuf n'a pas fait sa cure d'austérité en janvier dernier. En effet, les concessionnaires automobiles ont livré 27 590 unités, toutes marques et modèles confondus, contre 27 901 unités en janvier 2014. Avec une baisse infinitésimale de 311 unités seulement, le marché du neuf semble résister à une crise annoncée, d'une part, et aux nouvelles conditions de commercialisation arrêtées par le cahier des charges qui exigent davantage d'équipements de sécurité. Bien plus, malgré les augmentations opérées par certains concessionnaires et qui ont atteint des seuils inimaginables (jusqu'à 900 000 DA), le véhicule neuf s'agrippe au tableau prévisionnel, avec en sus un portefeuille de commandes assez étoffé jusqu'au mois d'avril, soit juste après la clôture du Salon international de l'automobile d'Alger (Siaa-2015) qui aura lieu du 18 au 28 mars à la Safex. Il faut dire que cette embellie n'a pas profité pour toutes les marques établies en Algérie. En ce sens, les chiffres révèlent que ce sont les mêmes concessionnaires qui profitent de cette opportunité pour maintenir la tendance, et le marché local a fini par leur donner raison au vu des investissements consentis dans le réseau, le service après-vente et la pièce de rechange d'origine garantie. Dans le Top-10, on citera Dacia avec une croissance de 219,26%, Peugeot avec une évolution de 58,26%), Renault avec +23,53%, Hyundai Motor Algérie avec +19%, Nissan avec +9,79% et Skoda avec +94%. D'où ces questionnements : comment les concessionnaires ont sauvé un mois de janvier pourtant annoncé et qualifié de "difficile" ? Comment peut-on expliquer cette courbe inversée des ventes au moment où l'on s'attendait à une chute brutale ? Il faut noter que juste après le salon Autowest d'Oran, qui s'est déroulé en décembre 2014, plusieurs concessionnaires ont annoncé des augmentations alors que d'autres avaient ajusté et/ou réajusté leur prix. Coup de bluff, pour les uns, vérité liée au yoyo qu'ont connu le dollar et l'euro, pour les autres, les clients se sont empressés à acquérir un véhicule neuf avant que l'inflation ne les rattrape. La seconde explication est liée aussi à l'acquisition du véhicule utilitaire et du transport des personnels qui connaissent une ascension vertigineuse en Algérie, avec notamment le renouvellement des parcs autos des administrations et des institutions à chaque début d'année et d'exercice. D'ailleurs, au moins 150 avis d'appels d'offres ont été lancés vers la fin de l'année 2014 par les entreprises privées et publiques, les ministères et autres institutions de l'Etat. Les achats via le leasing, qui ne représente actuellement que 2% du marché, risquent d'exploser en 2015, d'autant que certains concessionnaires sont déjà passés à la vitesse supérieure pour multiplier les offres avec le crédit fournisseur avec zéro taux d'intérêt. En revanche, cette situation n'a pas profité aux concessionnaires qui ont réduit leurs budgets de communication et de marketing. Si on se fie aux chiffres avancés, on remarque que les concessionnaires qui figurent dans le Top-5 ont multiplié les offres, les formules et les séries limitées, comme ils ont misé gros sur le marketing opérationnel et l'évènementiel. D'autres concessionnaires comptent miser sur les offres du salon d'Alger, mais les plus avertis ont déjà occupé un terrain acquis à leur cause avec des offres alléchantes. L'optimisme mesuré des concessionnaires automobiles voudrait que cette tendance se poursuive jusqu'au mois d'avril. Et, pourquoi pas, jusqu'au mois de mai ! Car, au-delà de cette échéance, les concessionnaires les moins avertis risquent d'opérer du dumping dont les retombées loin d'être loyales pour la concurrence et les vrais investisseurs. F. B.