Des propositions seront envoyées prochainement au gouvernement afin de réguler le marché de l'automobile. À défaut, ce dernier basculera dans l'anarchie. C'était prévisible. Les spéculateurs ont déstabilisé le marché de l'automobile, notamment le véhicule neuf qui connaît, depuis les trois derniers trimestres de 2013, une récession à travers une chute des ventes de l'ordre de 20 à 40%, selon les maisons et les concessionnaires. De 550 000 ventes, le marché de l'automobile est vite passé à 400 000 unités (prévisions à fin décembre en cours), créant une anarchie dans les ventes, les remises, mais aussi les prévisions d'augmenter les prix à partir du début janvier 2014 pour remettre sur les rails l'image de marque de chaque marque. Il est vrai que le portefeuille-commande est non seulement maigre, mais les professionnels de l'automobile craignent un stockage massif de près de 200 000 unités à fin 2013, sachant que les ventes de cette année ont été sauvées, in extremis, par les commandes de... 2012. L'Association des concessionnaires algériens de l'automobile (AC2A), qui regroupe, par ailleurs, près d'une trentaine de concessionnaires depuis sa création, a engagé une réflexion, afin de diagnostiquer les raisons d'un tel acharnement, des chutes et des dysfonctionnements que connaît actuellement le marché. En plus des concessionnaires qui ne déclarent pas leurs chiffres de vente et de certaines concessions qui arnaquent au grand jour le client final, cette organisation compte proposer des solutions concrètes afin de redorer le blason de ce secteur pourvoyeur d'emplois en Algérie. Mais pas seulement, l'AC2A veut, notamment, mettre le paquet sur la pression exercée par les spéculateurs et les revendeurs sur le marché d'occasion, qui influent directement sur le véhicule neuf. Aux yeux des concessionnaires établis depuis des années, cette chute, due à la spéculation, se répercute directement sur les commandes et les choix des clients, du fait que les maisons-mères de beaucoup de marques trouvent du mal à répondre aux exigences de notre marché. Membre actif dans l'AC2A, Noureddine Hassaïm, le patron de Toyota Algérie, estime "qu'il est temps d'aller vers un système semblable à l'Argus, afin de connaître exactement ce qui se passe sur le marché d'occasion, mais surtout afin de valoriser le véhicule neuf". Lors du lancement de la nouvelle Corolla, dans sa 11e génération, M. Hassaïm a trouvé "anormal qu'un marché structuré soit cassé par des spéculateurs de tous bords, mettant en péril le véhicule neuf". En effet, sans investir le moindre sou, ces revendeurs influent directement sur les ventes, et ce, au moment où les concessionnaires, sans exception, ont lancé des campagnes de promotion à la limite de leur marge de bénéfice. Certes, il ne s'agit pas de bradage, mais ces campagnes ont fini par donner raison à l'AC2A qui, finalement, a identifié l'une des principales sources du mal. Du reste, les ménages ont moins investi sur l'automobile en 2013 avec la relance des projets de construction de logements AADL, le plafonnement des ménages et l'épuisement des rappels, et la suppression, depuis 2009, du crédit à la consommation, a encore développé M. Hassaïm. À quand une autorité de régulation ? En somme, l'AC2A voudrait aller vers un canevas de textes législatifs pour réguler le marché de l'automobile pour sauver ce secteur de la léthargie qui le frappe depuis le mois de mai dernier. L'orateur n'est pas pour autant optimiste quant à la relance des ventes : "Le marché a sensiblement reculé, et il le sera davantage. La baisse des ventes touchera tout le monde. Le marché de l'occasion verse dans la spéculation et tous les modèles de véhicules sont cannibalisés par ces offres, d'autant que certains acquéreurs profitent des remises alléchantes pour les exploiter à des fins purement commerciales. Autrement dit, si le client achète une voiture avec une remise de 100 000 ou 200 000 DA, il la versera vite dans l'occasion. Ce qui freinera le client final qui a pourtant besoin de garantie." Cet état de fait est vécu au grand jour. Les trottoirs sont pleins à craquer, malgré la chasse aux revendeurs. Des routes assez fréquentées sont squattées sans scrupules par des milliers de véhicules d'origine inconnue, alors que des "vendeurs déclarés" continuent d'arnaquer les acquéreurs au nom du crédit automobile en leur livrant les voitures dans des délais astronomiques, sans service après-vente, et ce, tout en retenant le titre de propriété des voitures sur plusieurs mois. Du coup, l'idée défendue par Liberté-Auto, lors d'une rencontre au Salon international de l'automobile d'Alger (SIAA-2013) d'aller vers une autorité de régulation, revient comme un leitmotiv dans toutes les discussions, surtout dans les coulisses de l'AC2A. Une chose est sûre, le président de l'AC2A, Abderrezzak Lachachi, invité demain au Forum de Liberté, devra donner davantage de détails, d'autant que nous sommes à J-2 du Salon Autowest et à 3 mois du Salon international de l'automobile d'Alger (SIAA-2014), avancé pour la date du 11 au 22 mars 2014, selon Amine Andaloussi, chargé de communication à l'AC2A, "pour des raisons pratiques". F. G Nom Adresse email