L'attaquant ukrainien du Milan AC (1re div. italienne), Andreï Shevchenko, a été désigné Ballon d'or France Football 2004, devant deux joueurs du FC Barcelone (1re div. espagnole), le Portugais Deco, et le Brésilien Ronaldinho, a révélé lundi le bi-hebdomadaire France Football. Shevchenko, 28 ans, distingué pour la première fois, est le troisième joueur ukrainien à recevoir le Ballon d'or France Football après Oleg Blokhine en 1975 et Igor Belanov en 1986. Blokhine, aujourd'hui sélectionneur de l'Ukraine, et Belanov étaient à l'époque citoyens de l'URSS. “J'ai grandi en Ukraine et j'ai vu Belanov gagner le Ballon d'or, c'était mon premier exemple en tant que joueur, a commenté Shevchenko sur le plateau de Canal+ où lui a été remis le trophée. Ensuite, mon mythe a été Marco van Basten.” Il a également évoqué la situation politique délicate dans son pays. “Il m'est difficile de parler de la situation en Ukraine parce que je vis en Italie depuis bientôt six ans, mais les gens méritent une démocratie”, a-t-il indiqué, avant de recevoir en direct sur la chaîne cryptée les félicitations par téléphone du Chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, propriétaire du Milan AC. Avec 175 points, Shevchenko devance Deco (139 pts), vainqueur de la Ligue des champions avec le FC Porto (1re div. portugaise) en mai dernier avant de rejoindre le Barça, et Ronaldinho (133 pts). L'attaquant français d'Arsenal, Thierry Henry, échoue au pied du podium avec 80 points, suivi par Thedoros Zagorakis (AEK Athènes puis Bologne), capitaine de la sélection grecque championne d'Europe, 5e avec 44 pts. Shevchenko, qui avait terminé 3e en 1999 et 2000, succède au palmarès d'un autre joueur évoluant en Italie, le meneur de jeu tchèque de la Juventus Pavel Nedved. Shevchenko figure aussi, avec Thierry Henry et Ronaldinho, parmi les trois nominés au titre de meilleur joueur de l'année qui sera décerné lundi 20 décembre à Zurich (Suisse) par la fédération internationale (FIFA). Champion d'Italie en mai dernier avec le Milan AC, meilleur buteur de la série A avec 24 réalisations, Shevchenko a aussi largement contribué aux bons débuts de sa sélection dans son groupe de qualifications au Mondial-2006. L'Ukraine occupe, en effet, la tête du groupe 2 après 5 journées (devant notamment le Danemark, la Turquie mais aussi la Grèce, championne d'Europe en titre) et son capitaine a inscrit 4 buts (en 4 matches). En Italie, “Sheva”, comme le surnomment affectueusement les supporters milanais, a déjà inscrit 11 buts en 15 journées cette saison, dont 2 dimanche contre la Fiorentina (6-0). Shevchenko s'est révélé avec le Dynamo Kiev, avec qui il a été sacré champion d'Ukraine cinq années de suite de 1995 à 1999 avant de rejoindre le club rossenero en 1999. Meilleur buteur de la série A en 2000 et 2004, il a aussi remporté avec le Milan AC la Coupe d'Italie en 2003 mais surtout la Ligue des champions, toujours en 2003, en marquant le tir au but décisif contre la Juventus à Manchester. Shevchenko a inscrit 136 buts en matches officiels pour Milan, dont 102 en championnat. Il s'agit du 49e Ballon d'or décerné par le magazine France Football. Le trophée est attribué par un jury composé de journalistes appartenant aux 52 fédérations affiliées à l'Union européenne de football (UEFA). Un Ukrainien devenu Duc des Lombards Le Ballon d'or France Football attribué lundi soir à Andreï Shevchenko récompense le parcours d'un attaquant formé à l'école soviétique du Dynamo Kiev, qui a su s'adapter aux exigences du football italien pour devenir un véritable Duc des Lombards au Milan AC. “À mon arrivée à Milan, je portais l'enseignement de notre entraîneur à Kiev, Valeri Lobanovski, qui privilégiait l'esprit d'équipe à la réussite personnelle”, expliquait récemment l'international ukrainien (58 sélections, 26 buts) dans un entretien à l'Equipe Magazine. “Mais, très vite, j'ai dû changer sous la pression des tifosi, du club et des journalistes qui attendaient d'un avant-centre qu'il marque but sur but. J'ai dû me battre pour m'imposer en Italie. Il a fallu d'abord penser à mon total de buts. Cet égoïsme était inédit pour moi, mais ça a marché”, ajoutait-il. Une mue révélatrice de la force de caractère de cet enfant d'une famille moyenne ukrainienne, décrit comme un garçon timide lors de ses premiers pas à l'école du Dynamo Kiev, à l'âge de 9 ans. “Contrairement à d'autres footballeurs de l'ex-Union soviétique et d'Ukraine, je n'ai jamais lâché prise, affirmait-il toujours dans l'Equipe Magazine. Parfois, sur ton chemin, il y a un fleuve très large, infranchissable. Tout le monde assure que tu n'iras pas plus loin. Moi, je refuse cette impossibilité. Je sais attendre l'été pour que le cours d'eau s'assèche afin de le traverser.” Après 5 saisons presque parfaites au Dynamo, couronnées par autant de titres de champion d'Ukraine et des exploits en Ligue des champions, dont un retentissant triplé à Barcelone en septembre 1997 (victoire 4-0), Shevchenko franchit sa première rivière à l'été 1999 en signant au Milan AC. Nombre de ses compatriotes doutent de sa capacité à s'imposer hors du cocon du Dynamo. “Shevchenko est très jeune, il manque de maturité, déclarait alors un journaliste ukrainien à France Football. Comme tous les joueurs de Lobanovski, il a été en permanence couvé par les cadres du Dynamo Kiev. En Italie, il devra affronter l'énorme pression du terrain et des médias. Cela va être dur pour lui.” “Sheva”, aujourd'hui âgé de 28 ans, en sourit sans doute encore. Pour sa première saison en série A, il termine “capocannoniere” (meilleur buteur) avec 24 buts. Même total la saison suivante, au terme de laquelle il est néanmoins devancé par Hernan Crespo (26 buts) en tête du classement des buteurs. Sa carrière italienne connaît alors ses premiers méandres. Des ennuis physiques à répétition (fracture du nez, douleurs musculaires...) perturbent sa saison 2001-2002 (14 buts en série A), puis il connaît sa première grande blessure à l'été 2002 (lésion au ménisque du genou gauche). De retour fin octobre, il semble avoir perdu son efficacité (5 buts en série A), mais marque le tir au but qui donne la victoire au Milan AC en finale de la Ligue des champions contre la Juventus Turin en mai 2003. La machine à buts ukrainienne est relancée. Shevchenko remporte un deuxième titre de meilleur buteur au printemps 2004 (24 buts), en même temps que son premier scudetto. La deuxième partie de l'année est du même tonneau. À l'automne, il dépasse la barre des 100 buts en série A (102) et place l'Ukraine en tête de son groupe de qualification pour le Mondial-2006 (après 5 journées), en marquant 4 buts, dont un doublé en Turquie (victoire 3-0). Le Ballon d'or 2004 est donc bien parti pour combler le seul manque de sa carrière : il n'a en effet jamais participé à un grand tournoi international. Le classement 1. Andreï Shevchenko (UKR/Milan AC) 175 points 2. Deco (POR/FC Porto puis FC Barcelone) 139 3. Ronaldinho (BRE/FC Barcelone) 133 4. Thierry Henry (FRA/Arsenal) 80 5. Theodoros Zagorakis (GRE/AEK Athènes puis Bologne) 44 6. Adriano (BRE/Inter Milan) 27 7. Pavel Nedved (TCH/Juventus Turin) 23 8. Wayne Rooney (ENG/Everton puis Manchester United) 22 9. Ricardo Carvalho (POR/FC Porto puis Chelsea) 18 . Ruud van Nistelrooy (PBS/Manchester United) 18 11. Angelos Charisteas (GRE/Werder Brême) 15 12. Milan Baros (TCH/Liverpool) 11 . Cristiano Ronaldo (POR/Manchester United) 11 14. Zlatan Ibrahimovic (SUE/Ajax Amsterdam puis Juventus) 8 15. Samuel Eto'o (CMR/Majorque puis FCBarcelone) 7 . Kaka (BRE/Milan AC) 7 N. B. : Le Ballon d'Or France Football 2004 a été choisi parmi une liste decinquante joueurs (établie par la rédaction de France Football) par un jury de journalistes européens (1 ou 2 par pays) représentant 52 pays.