La question est de savoir si les concessionnaires maintiendraient les remises après le salon. En tout cas, dans les coulisses, c'est un secret de polichinelle, certains y pensent déjà. Clap de fin pour la 18e édition du Salon international de l'automobile d'Alger (Siaa-2015), avec ce goût d'inachevé. Cette édition n'a pas, en tout cas, souri à tous les exposants. Et si les organisateurs, à savoir l'Association des concessionnaires automobiles (AC2A) et la Safex ont misé gros sur cet évènement pour le professionnaliser, il n'en demeure pas moins que les espoirs misés sur ce salon pour sauver l'année 2015 ont été réduits à un souhait éphémère. Les 30 nouveautés et les quelque 800 remises affichées sur les marques et les modèles n'ont pas, non plus, apporté une vague de fraîcheur au marché de l'automobile qui risque de calquer en mode "copié-collé" la régression de l'année 2014 et qui était de l'ordre de 19%. On l'avait prédit, ce genre d'évènements réussissent, en temps de crise, aux mêmes concessionnaires qui travaillent à longueur d'année sur l'image, le service après-vente, la pièce de rechange d'origine garantie et la proximité à travers le réseau. Dans l'absolu, ces vérités ont été vérifiées lors de cette édition qui a vu le client, déjà volatile, hésiter à casser sa tirelire pour choisir un modèle bien défini. Bien plus, après trois jours de rush à souhait sur les pavillons et les stands, le public a commencé à déserter le salon, comme si les concessionnaires n'arrivaient pas à chasser le signe indien. Mais pas tous ! Et pour cause, certaines représentations de marques en Algérie ont réussi à capter l'intention du client, à vendre, voire à atteindre leurs objectifs. Difficilement, mais ils l'ont fait. À première vue, tous les modèles de moins de 1 million de dinars ont eu du succès. Ensuite, il fallait que les exposants placent la barre très haut pour convaincre le client, en offrant des remises allant de 25 000 à 70 000 DA sur la citadine dans sa finition entrée de gamme. HMA, Renault, Peugeot, VW, Kia et les autres Du coup, la citadine attire, crée de l'engouement et renfloue les caisses. Suivie du segment Tricorps, c'est-à-dire des voitures à 4 portes. C'est le cas chez Renault Algérie où la Clio Campus, la Logan, la Symbol, Clio 4 et la formule du diesel au prix de l'essence ont fini par payer, en sus de l'occasion exposer à l'hypermarché Ardis. C'est le cas aussi chez Hyundai Motor Algérie (HMA) où les I-10, I-20, Accent Last Edition, Accent RB en essence et en CRDI ont fait des volumes importants de ventes. Mais HMA a toute la latitude de réaliser des parts assez conséquentes de marché à partir du mois de juin prochain avec l'arrivé de la Xcent (remplaçante de Accent) et la nouvelle I-20, deux bagnoles aux valeurs sûres et aux gros volumes. La même tendance est ressentie chez Peugeot Algérie où la star des ventes, à savoir Peugeot 208, continue de conquérir le cœur des Algériens. Mais il y a aussi Peugeot 301 en Pack Luxe, 301 GPL et le Partner qui ont enregistré des volumes conséquents. À Citroën, c'est plutôt le C4 Cactus et la C-Elysée, aux côté du Berlingo, qui ont raflé la mise. Au stand de Sovac, c'est sans doute la marque Skoda qui a dominé la tendance, d'autant que la nouvelle Fabia est déjà là. Seat, avec la Cupra sur la voie du succès, a misé sur Ibiza avec toutes ses finitions, alors que Volkswagen a bien vendu la Polo, grâce aux réductions décidées par le groupe. Au Premium, le leadership de la marque Audi a fait parler de lui au Salon d'Alger, avec cette frustration de voir la nouvelle A6 bloquée au port. Kia Motor a attiré la foule, et la Picanto a eu raison de sa noblesse de belle et robuste citadine, aux côtés de la Rio bien placée. Au stand de Sodi Automotive, filiale du groupe Cevital, la Fiat 500 a très bien été vendue, notamment les 5 premiers jours du salon, en plus des séries remisées sur les autres modèles de Fiat. Du côté de Cima Motors, c'est plutôt le modèle Brilliance qui a brillé dans les ventes, avec une offre client alléchante. Les Yaris de Toyota, comme la Micra de Nissan, Mirage de Mitsubishi ont également eu droit à des ventes importantes au salon, avec des remises évidemment. Ceci à titre illustratif, mais les volumes demeurent éparpillés, selon les standards de vente dans un Salon automobile d'Alger. Premiers chiffres pour un bilan précoce En effet, selon nos estimations basées sur des informations recueillies auprès des agents commerciaux, la moyenne des ventes/jour est de 90 à 400 unités/jour chez les mêmes concessionnaires, alors que la moyenne des ventes/jour oscille entre 5 et 50 unités chez les concessionnaires qui se sont peu investis. La morosité qui a caractérisé cette édition, par endroits et par stands, ressort également sur les segments des berlines et des SUV malgré les grosses remises allant de 100 000 et 150 000 DA sur les véhicules de moins de 2,5 millions de dinars et des remises allant de 200 000 à 300 000 DA. Du côté des exposants spécialisés dans la prestation de service, il ne manquait que des araignées pour illustrer la vacance des lieux, et ce, à cause du peu d'engagement de professionnalisme et de communication qui caractérisent encore ces sociétés. On a l'impression que les vendeurs de sandwichs, de boissons et autres friandises sont plus introduits dans le salon. Mais bon ! Ce n'est pas le cas du côté des stands de la Gendarmerie nationale et de la police qui ont attiré un grand public, avec ce débat sur les brigades banalisées et la multiplication des radars pour freiner l'hécatombe qui sévit sur nos routes. Au plan des technologies automobiles, c'est sans doute Parrot Algérie qui a fait la différence cette année grâce à son stand bien visible, les offres du salon et les contrats signés avec des concessionnaires automobiles. Au plan politique, c'est la première fois que cette manifestation reçoit deux ministres (Industrie et Commerce) et des parlementaires chargés de la commission finances et budget. Du reste, un travail de fond a bien été réalisé par l'AC2A pour professionnaliser cette édition et asseoir un minimum de garde-fous. Signalons, enfin, que les professionnels des deux roues ont également réussi un salon unique, avec l'introduction d'une vingtaine de nouveautés, sur les stands de la Safex. F. B.