Ceux qui connaissent le parcours de ce vaillant homme se comptent sur les doigts d'une seule main. C'est un héros qu'on évoque occasionnellement bien qu'il fut l'un des grands stratèges de l'Armée de libération nationale durant la guerre de Libération. Lycée Ali Mellah et mosquée Ali Mellah, à Draâ El-Mizan, mémorial Ali Mellah à Tizi-Gheniff, marché couvert Ali Mellah à Alger mais, en fait, que connaissent les jeunes de la nouvelle génération de ce héros de la glorieuse révolution algérienne? Peu de choses si ce n'est peut être la renommée de ces lieux et édifices baptisés au nom de ce chahid. Sinon, il est méconnu même dans sa région natale. Ceux qui connaissent le parcours de ce vaillant homme se comptent sur les doigts d'une seule main. C'est un héros qu'on évoque occasionnellement bien qu'il fut l'un des grands stratèges de l'Armée de libération nationale durant la guerre de Libération. Pourtant, il faisait partie des hommes d'envergure qui ont marqué l'histoire de la guerre d'Algérie comme Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Slimane Dehilès, Salah Zamoum, Amirouche Aït Hamouda , Abane Ramdane et la liste est longue, dont certains d'entre eux ont été assassinés dans des circonstances mystérieuses et inexplicables. C'est aussi l'occasion d'évoquer en ce mois de mars Si Amirouche et Si L'Haouès tombés au champ d'honneur, le 29 mars 1959, au Djebel Sidi Thameur dans la région de Bousaâda. "Si Chérif" (c'était le nom de guerre du chahid Ali Mellah), lui aussi, fut assassiné le 31 mars 1957 à Oued Bedj , douar Haïdouria, dans le djebel Chaoun relevant de la commune de Tarek Ben Ziad alors qu'il était en déplacement dans la Wilaya V historique avec son groupe pour étudier avec les responsables de cette région la manière de coordonner les actions militaires de l'ALN en formant des groupes de moudjahidine bien structurés. Plus grave encore, on dit même que c'est l'un de ses hommes qui l'aurait liquidé.
Un nationaliste de la première heure et un guerrier infatigable L'histoire retiendra donc qu'il y a 58 ans de cela, jour pour jour, le colonel Ali Mellah, responsable de la Wilaya VI historique de l'ALN (sud du pays) est tombé au champ d'honneur laissant derrière lui, dans son village de Taka, relevant de la commune de M'kira, dans la région de Draaâ-El-Mizan, une veuve aujourd'hui âgée de plus de quatre-vingts ans et son jeune fils Amar, aujourd'hui sexagénaire. Pour commémorer cette date, des activités sont prévues aussi bien au mémorial qui porte son nom ainsi qu'au niveau de la salle polyvalente de Tizi-Gheniff. Ses anciens compagnons diront qu'Ali Mellah qui est né le 14 février 1924 à Taka de M'kira était un homme pieux car son père, imam de son état, lui avait donné une instruction suffisante en langue arabe et en religion. A l'âge de vingt-et-un ans, il adhéra au PPA de Messali El Hadj et deux ans après il fit son entrée à l'OS et prit part à son congrès du 16 au 18 février 1947 à Blida. Convaincu que la lutte armée était la seule alternative pour l'indépendance de l'Algérie, il opta pour le MTLD. À cause de ses activités nationalistes, il était placé dans la ligne de mire de la police coloniale et fut alors vivement recherché si bien qu'il quitta sa région pour être nommé à Tigzirt en 1947 puis de 1948 à 1949 comme enseignant à Aïn Bessam. Là aussi, en raison de son activisme, il fut traqué par la police et le parti le rappela à Dellys où il exerça la responsabilité de chef de région. En 1952, le futur responsable de la Wilaya VI devint successivement chef des régions des Ouadhias, Sidi Naâmane, Tigzirt et Azazga où il participa au déclenchement de la guerre de Libération nationale. Et depuis, Si Chérif prouva ses capacités de fin organisateur guerrier et le 14 novembre 1952, ses hommes réussirent une grande opération militaire en éliminant quatorze soldats ennemis. Le 25 janvier 1953, il récupéra un important lot d'armes lors d'un accrochage réussi contre l'armée coloniale mais il fut blessé en juin 1953 ce qui l'obligea à rallier Ain El Hammam l'ex Michelet, pour se soigner tout en continuant à diriger ses troupes. La révolution boucla sa première année et Amar Ath Chikh, chef de région, laissa le soin à Ali Mellah d'organiser l'assaut du poste militaire de Michelet et de réussir un autre jour de gloire au profit de l'ALN. Assassiné le 31 mars 1957 par l'un de ses hommes qui le jalousait ! Avant la fin de l'année 1955, il remplaça à Tizi-Ouzou, Amar Driss, et le soin lui fut laissé pour préparer, avec d'autres compagnons, le congrès de la Soummam. Avec son armée composée de deux-cents djounoud , il quitta la région pour se rendre dans la région de Blida pour rencontrer Salah Zamoum, Slimane Dehilès, Amar Ouamrane , Abane Ramdane et Amara Rachid en vue de préparer le congrès. En route vers la Soummam, une urgence fut signalée dans son secteur, il rebroussa chemin et chargea Amar Ouamrane de lire en son nom, le rapport des activités dans le sud du pays qui, d'ailleurs, fut érigé en Wilaya VI avec à sa tête Ali Mellah. Son courage, sa clairvoyance et son sens de l'organisation lui valurent sa nomination au grade de colonel et son statut de membre du CNRA. Dès septembre 1956, à peine un mois après le congrès d'Ifri, le colonel Ali Mellah se mit à structurer des groupes armés pour attaquer les troupes françaises stationnées dans le grand désert. En fin organisateur, il voulut assurer une certaine coordination avec les wilayas environnantes mais, ironie du sort, il laissa sa vie dans cette noble mission car il fut trahi par l'un des ses hommes, un certain Amor communément appelé Rouget. Certains moudjahidine témoignent aujourd'hui qu'il existait une rivalité entre les deux hommes tout en précisant que le "bras droit" d'Ali Mellah n'avait jamais admis l'implication de son chef historique et de ses hommes venus de la lointaine Kabylie pour imposer leur diktat. Connaîtra-t-on, un jour, la vérité sur cette trahison? C'est une question qui mérite certainement d'être posée quand on assiste, de nos jours, soit plus d'un demi-siècle après l'indépendance à une histoire cachée, déviée, occultée et falsifiée par des cercles occultes qui ne veulent pas que certaines vérités de la guerre d'Algérie soient connues par le peuple algérien. O.G.