Le projet de monument qui serait dédié aux cinq colonels : Krim Belkacem, Ali Mellah, Amar Ouamrane, Salah Zamoum et Slimane Dhiles (encore en vie) est, apparemment, remis aux calendes grecques. Combien sont-ils à avoir participé à la libération de notre pays du joug colonial ? Ils sont des centaines de milliers sur le territoire national. La région du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, comme toutes les autres d'ailleurs, a payé un lourd tribut pour le recouvrement de la souveraineté du pays. Quarante-trois ans après l'indépendance, des héros et pionniers d'une guerre menée contre l'une des plus grandes puissances mondiales militaires commencent à sombrer dans l'oubli lorsque rien ne les fait rappeler à ces jeunes générations, surtout lorsque aussi les manuels scolaires ne les évoquent que rarement. À Draâ El Mizan, le monument qui serait dédié aux cinq colonels : Krim Belkacem, Ali Mellah, Amar Ouamrane, Salah Zamoum et Slimane Dhiles (encore en vie) est, apparemment, remis aux calendes grecques. En 1999, lors de la visite du ministre des Moudjahidine et du secrétaire national de l'ONM dans la région, une première pierre pour la réalisation d'un monument à proximité du cimetière chrétien et de la pompe à essence a été posée par les autorités locales en présence de leurs hôtes du jour. Voulant pérenniser le combat de ces valeureux pionniers, l'assemblée élue a présenté un projet grandiose qui allait regrouper plusieurs annexes. Allant d'un musée, où seront déposés des objets ayant été utilisés par ces héros de la révolution, en passant par une bibliothèque et une salle de réunions alors que sur les façades de ce gigantesque mémorial était programmée la réalisation des cinq portraits des colonels ainsi que des fresques sur le fond desquelles seront gravés en lettres d'or les noms de tous les martyrs de ce versant sud de la wilaya. Six ans après, ce monument est mis aux oubliettes. D'ailleurs, selon des informations qui circulent dans la région, le site choisi pour accueillir cet ouvrage aurait été abandonné. On croit savoir qu'il aurait été même convoité. En tout cas, c'est un projet dont personne ne parle. “Heureux les martyrs qui n'ont rien vu”, est une expression qui sied dans ce contexte bien précis. Certes, le président de l'organisation des moudjahidine de la nahya de Draâ El Mizan a interpellé le wali lors de la visite qu'il avait effectuée en mai dernier dans la région à ce sujet sans, toutefois, donner aucune promesse. L'autre proposition de réfectionner la maison du colonel Amar Ouamrane en musée n'a pas, elle aussi, eu l'écho escompté chez le premier magistrat de la wilaya. Dans cette région, deux colonels, à savoir le Lion des djebels et Si Chérif, ont tout de même été réhabilités. Le premier, en transformant sa maison natale en musée et le second, en érigeant un mémorial à Tizi Gheniff en son nom. Seulement, là aussi, il y a lieu de signaler des manques. Le musée Krim-Belkacem est à l'abandon lorsque l'on connaît l'état dans lequel il se trouve. Plusieurs chambres ont été endommagées par la neige alors que le mémorial Ali-Mellah connaît une situation des plus pires. O. Ghilès