Nommé au poste de directeur SNCF sur la zone Algérie –Tunisie, Karim Zeribi se trouve en ce moment à Alger dans le cadre de la mise en place d'un protocole de partenariat technique entre la SNCF et la SNTF. Liberté : Quel est l'objectif de votre déplacement en Algérie ? Karim Zeribi : Ma venue en Algérie fait suite à ma nomination en France au poste de directeur du groupe SNCF sur la zone Algérie-Tunisie. Ainsi, cela fait plusieurs déplacements que j'effectue pour mettre en œuvre, avec mes interlocuteurs de la SNTF, un protocole de coopération ambitieux entre la France et l'Algérie. Le pays possédait 5 200 km de voies ferrées à la fin des années 1970. Aujourd'hui, 3 800 km sont exploités par la SNTF. Les importants investissements du gouvernement algérien consistent non seulement à moderniser l'infrastructure existante, mais également à accroître le réseau actuel de 8 000 km supplémentaires. Pour relever ce fabuleux défi de faire de l'Algérie le plus grand pays ferroviaire du continent africain, je viens de dire aux autorités et à mes amis algériens que le groupe SNCF est disponible pour nouer un partenariat technique et opérationnel de haut niveau tant avec la SNTF qu'avec l'Anesrif qui est en charge de décliner le programme d'investissement décidé par le gouvernement. Ainsi si le Maroc a réussi à se doter d'un TGV de Tanger à Kenitra, l'Algérie doit porter, selon moi, l'ambition d'une ligne à grande vitesse sur ces 1 200 km de littoral mais également sur des pénétrantes stratégiques vers le sud du pays. Le développement du ferroviaire représente un enjeu économique, social et environnemental extraordinaire. L'Algérie est un grand pays qui peut concrétiser rapidement ces projets stratégiques si elle s'adosse à un partenaire tel que le groupe SNCF que je suis fier de représenter dans le pays de mes parents et grands-parents. Je redis notre disponibilité à épauler la SNTF et l'Anesrif. Un projet d'accord est en cours de finalisation entre la SNCF et la SNTF. Que prévoit-il et quand sera-t-il signé ? Ce protocole répond avant tout aux besoins identifiés par le directeur général de la SNTF. Il intégrera un volet formation important car la volonté de la direction de la SNTF est de créer une université nationale des métiers ferroviaires à Annaba sur le site de l'ancienne direction régionale de la SNTF et à proximité de Cital, l'usine d'assemblage de tramways créée par Ferrovial-Alstom-l'EMA et la SNTF. Cette université ferroviaire formera les nouveaux embauchés, mais également les cheminots en exercice. Ainsi dans les métiers ferroviaires techniques, la SNTF va retrouver un savoir-faire que les anciens cheminots possédaient mais qui s'est un peu perdu faute de transmission. Ce protocole comprendra également un volet maintenance du matériel roulant car pour faire circuler les trains, il faut, certes, une bonne infrastructure, mais également du matériel de qualité entretenu régulièrement. Nous nous pencherons aussi, à la demande de la SNTF, sur l'aménagement des gares en lieux de vie dynamiques. Ces dernières doivent devenir des zones de développement économique au cœur des villes. Enfin, nous allons travailler au rapprochement de nos filiales respectives comme celles intervenant dans le domaine du fret par exemple. Fin avril, notre filiale Eco-Rail, spécialisée dans le transport de déchets, accueillera à Paris le P-DG de la STIM, filiale fret de la SNTF, qui souhaite s'engager dans le transport de déchets par rail. C'est un projet qui répond à un objectif de la ministre de l'Environnement et du ministre des Transports. Ce protocole entre la SNCF et la SNTF nous souhaitons le signer en mai prochain. Le P-DG de la SNTF a déjà visité les ateliers et le centre de formation de la SNCF, on évoque un projet de création d'une école nationale dédiée à tous les métiers ferroviaires... Nous avons reçu, en décembre dernier, le dynamique directeur général de la SNTF avec lequel une relation de travail de qualité existe depuis plusieurs mois. Il a visité et apprécié le modèle des techni-centres de haut niveau dans le domaine de la maintenance du matériel roulant. Il a également analysé le fonctionnement du poste de commande permanent qui a vocation à gérer les situations de crise. Enfin, M. Bendjeballah a tenu à observer avec beaucoup d'attention la partie formation initiale et continue pour les conducteurs de trains, mais également pour les métiers en lien avec la voie, les caténaires et la signalisation qui ont un impact majeur sur la sécurité des circulations. Il s'agit désormais d'accompagner la SNTF dans la voie de la modernisation pour répondre aux besoins de la population tant pour une meilleure qualité de l'offre des trains régionaux que ceux programmés pour de longues distances. Plus globalement, comment analysez-vous les relations économiques entre l'Algérie et la France ? Les relations politiques entre la France et l'Algérie sont très bonnes, notamment depuis la venue du président Hollande en décembre 2012 à Alger. Aujourd'hui, notre ambition est d'établir un pont solide à travers des relations économiques fortes et durables. Il faut non seulement que les entreprises françaises viennent investir en Algérie, mais également que les entreprises algériennes aient l'objectif de s'implanter en France et en Europe. Je crois personnellement beaucoup à la notion de réciprocité en matière de relation entre les deux peuples et les deux nations que sont la France et l'Algérie. Il faut ouvrir une nouvelle ère dans nos échanges avec de nouvelles générations qui aspirent à une coopération de respect et de confiance. Pour cela, il faut être équitable, juste et équilibré de part et d'autre. Je fais partie de ceux qui prônent plus de souplesse dans la délivrance de visas à vocation économique, universitaire et culturelle. Député européen jusqu'en mai 2014, j'ai toujours défendu que l'axe euroméditerranéen passe naturellement par la plateforme franco-algérienne. Plus que jamais, je continue de le penser avec force et conviction et je veux œuvrer à cela de la place qui est la mienne aujourd'hui. M. R.