Dès lors qu'il ne s'agit pas de toucher au sol et au sous-sol, qui demeurent propriété de l'Etat, l'ouverture du secteur des hydrocarbures à l'investissement privé national augure-t-elle d'une nouvelle dynamique de mobilisation des potentialités nationales ? Il ya lieu de se poser la question sachant que toute activité dans ce secteur suppose une composition organique du capital très lourde (finances, main-d'œuvre qualifiée, technologie, savoi-faire, recherche et développement, innovation...). D'autant que l'ambitieux programme de développement du secteur de l'énergie prévu pour l'exercice du quinquennat 2015-2019, nécessitera la mobilisation de plus de 100 milliards de dollars et englobera tous les segments énergétiques. Lors de la présentation de son programme aux organisations patronales et à aux entreprises, M. Youcef Yousfi, a affirmé que "l'Etat va maintenir sa politique de rationalisation des énergies, renforcer le réseau de distribution de gaz naturel et d'électricité et intensifier les opérations d'exploration des hydrocarbures". Il a, par ailleurs, invité les entreprises privées et publiques à contribuer à la réalisation de ces objectifs. Si cette démarche ouvre de nouveaux horizons en termes d'effets de dynamique intersectorielle d'entraînement et de retombées sur l'ensemble des activités économiques nationales, il n'en demeure pas moins qu'elle reste sujette à de nombreux questionnements. En premier lieu, en dehors des groupes Sonatrach, Sonelgaz, de leurs filiales ainsi que d'autres entreprises activant indirectement pour le secteur de l'énergie, il n'existe pas d'autres sociétés disposant de savoir-faire, de ressources humaines compétentes et surtout d'assiette financière en mesure de leur permettre de relever ce challenge. En deuxième lieu, comment ces opérateurs vont-t-ils pouvoir mobiliser le financement qui leur permettrait de s'engager dans ce processus pour lequel les pouvoirs publics sollicitent leur contribution ? Ils vont indéniablement recourir aux surliquidités des banques publiques, aggravant leurs risques de banqueroute. Sauf s'ils arrivent à constituer des consortiums industriels et financiers, ce qui n'est pas évident dans le contexte d'aujourd'hui. Dans de telles conditions, peuvent-ils recourir au partenariat avec les multinationales pétrolières au risque d'introduire le loup dans la "bergerie?". Même si nous sommes loin de la doctrine de Chakib Khelil à travers sa loi scélérate de braderie de nos ressources nationales, il serait prudent de mettre des garde-fous qui nous prémuniront de telles aventures, en évitant d'ouvrir la "boîte de Pandore". Les pouvoirs publics seraient bien avisés d'ouvrir les activités des services (transport, catering, gardiennage, entretien...) dans une première phase. Et d'encourager dès à présent la création et la densification d'un large réseau de PME et PMI qui seront appelées à se spécialiser dans la fabrication des équipements nécessaires au fonctionnement des opérateurs pétroliers. Au demeurant, concomitamment à la présentation du programme de développement présenté par Yousfi, s'est tenue à Paris les 27 et 28 mars la Convention France-Afrique du Nord qui intègre désormais l'Egypte, consacrée à la transition énergétique. Lors de cette rencontre, Jean-Daniel Blascod, directeur Afrique du Nord pour l'exploration-production de Total a déclaré : "Il faut dire qu'avec les prix actuels du pétrole, il n'ya pas beaucoup de pays attractifs". Il a par ailleurs ajouté que "l'Afrique du Nord est une région très riche en pétrole et gaz de schiste, notamment l'Algérie et la Libye selon les études de l'Agence internationale de l'énergie". Pour GDF Suez, Jean-Claude Depail, directeu-adjoint du groupe français : "Nous sommes présents particulièrement en Algérie ; notre coopération avec Sonatrach dure depuis 50 ans ... nous sommes son deuxième client". Il a ajouté s'agissant du site de Touat dans la région d'Adrar qui sera mis en production en 2017, que son groupe vise une production de 4,5 milliards de mètres cubes par an en phase plateau durant 27 ans... Ayons la faiblesse de croire que çà n'est là qu'un hasard de calendrier. A. H.