L'initiative a mis fin au régime de concession qui permettait aux entreprises étrangères, notamment françaises, de partager le pouvoir de décision en matière de gestion des hydrocarbures. Aussi bien à l'exploration, à l'exploitation qu'à la commercialisation. Elle a bouleversé, dans son sillage, la donne socio-économique du pays. Celui-ci pouvait s'appuyer sans retenue sur les revenus générés par ses ressources énergétiques pour financer sa reconstruction, neuf ans seulement après son accession à l'indépendance politique. La compagnie nationale Sonatrach, créée par décret présidentiel le 31 décembre 1963, sera de fait placée sur une rampe de lancement qui fait d'elle, aujourd'hui, l'un des leaders mondiaux dans ce secteur stratégique. Concrètement, l'Etat récupérait les intérêts des grandes multinationales, telles que BP, Esso, Shell ou encore Mobil, opérant sur le sol national. L'ordonnance du 11 avril 1971 promulguant la loi fondamentale sur les hydrocarbures a défini le cadre dans lequel devrait s'exercer l'activité des sociétés étrangères en matière de recherche et d'exploration de cette énergie fossile. Sonnant ainsi la fin de vie de l'organisme mixte algéro-français de gestion et de contrôle de l'industrie pétrolière algérienne, dénommé Organisme saharien, et au sein duquel les deux pays étaient équitablement représentés. La nouvelle configuration a lancé Sonatrach dans l'aventure industrielle des opérations d'exploration et de production. Selon les experts, c'est grâce à cette évolution du cadre de la coopération que le pays a fini par exercer une souveraineté effective sur les richesses de son sous-sol. Et offert à la compagnie nationale l'opportunité de se moderniser et de se doter des capacités qui lui permettront de prendre en charge le développement de l'activité pétrolière et gazière en Algérie, avant de se projeter, ensuite, à l'extérieur des frontières. D'aucun estiment que la décision prise ce 24 février de l'année 1971 par le regretté chef de l'Etat, Houari Boumediène, avait une résonance mondiale. Elle a été un tournant dans l'histoire de l'industrie pétrolière dans le pays. De simple percepteur d'impôts, l'Algérie prend les galons d'acteur dans la production et l'exportation des hydrocarbures dont les revenus ont ouvert les perspectives du développement socio-économique. Dans l'une de ses interventions sur ce sujet, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a estimé, dans ce sens, que « la nationalisation des hydrocarbures est certes un évènement national, mais ses répercussions internationales ont aussi marqué durablement l'industrie mondiale et le commerce international des hydrocarbures ». Il a ajouté que « le secteur a connu, grâce à l'impulsion donnée par ces décisions majeures, un essor remarquable, qui a contribué directement au financement des programmes d'investissements nationaux au profit de tous les citoyens et également au positionnement international de l'Algérie ».Après 1971, Sonatrach se consacra au développement de l'activité forage et la construction de nouvelles installations de surface. Ce qui a permis d'augmenter ses capacités de production. Le programme de valorisation des hydrocarbures, Valhyd, confortera la tendance marquée par la construction des complexes GNL d'Arzew. La loi 86-14 modifiée et complétée par la loi 91-21 sur les hydrocarbures a permis au groupe de faire appel au partenariat international à partir de 1995 dans le domaine de l'exploration et de la prospection des domaines miniers non explorés et le développement des gisements existants. La production s'en est encore portée mieux. En amont, la compagnie nationale a acquis de nouvelles capacités de transport et d'évacuation des hydrocarbures. Aujourd'hui, le réseau de canalisations dépasse les 18.000 km, intégrant trois gazoducs destinés à l'exportation du gaz naturel. Tandis que le gazoduc Medgaz alimente l'Espagne. Deux autres grands projets de gazoducs sont en cours de réalisation : le Galsi qui reliera l'Algérie à l'Italie, via la Sardaigne, dont le first gas (entrée en exploitation) est prévu à l'horizon 2016, et le Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), inscrit au programme du Nepad, qui reliera le Nigeria à l'Algérie, à travers le Niger. Dans l'activité aval, Sonatrach dispose de 4 complexes de liquéfaction de gaz naturel, de 2 complexes de séparation de GPL à Arzew, de 5 raffineries de pétrole. La production des produits raffinés s'enrichira, selon les projections du groupe, d'un apport de plus de trois millions de tonnes avec le programme de réhabilitation des raffineries du Nord. Le projet de construction de cinq nouvelles raffineries permettra, à moyen terme, de doubler les capacités de raffinage. L'objectif est d'exporter près de 50% des produits raffinés après couverture des besoins nationaux. Selon les spécialistes, sans la nationalisation des hydrocarbures, le pays n'aurait pas pu bénéficier d'autant de revenus pour développer son industrie énergétique et financer ses programmes de développement socio-économique. Et de renouveler les ambitions au fil des années.