Sans une industrie locale des équipements, il est vain de s'attendre à ce que l'exploitation du gaz de schiste en Algérie soit rentable. Telle est la philosophie qui sous-tend la démarche d'intégration industrielle de la branche hydrocarbures engagée ces derniers mois par les autorités du secteur. Le secteur de l'énergie sera davantage ouvert aux entreprises privées nationales. Telle est la principale annonce, hier, du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, au cours de la présentation des programmes de développement du secteur de l'énergie aux organisations patronales. En un mot, les autorités du secteur veulent faire contribuer davantage les entreprises locales publiques et privées dans la réalisation des programmes de développement à moyen terme de Sonatrach et de Sonelgaz, aux plans de développement des énergies renouvelables, ainsi que de la maîtrise de l'énergie. La grande nouveauté est l'ouverture du secteur des hydrocarbures aux entreprises privées dans des créneaux auparavant fermés ou du ressort du monopole de Sonatrach : forage des puits d'exploration et de développement, acquisition de sismique 2D et 3D, réalisation d'installations et d'équipements de production, projets d'infrastructures pétrolières, projets dans le domaine du traitement des eaux, des déchets, des bourbiers, grands projets de télécommunication... Plus précis, le ministre de l'Energie a indiqué que ces activités peuvent s'adresser aux compétences locales, notamment les dizaines de milliers d'ingénieurs qualifiés que compte le pays dans ces domaines et les anciens spécialistes de Sonatrach, retraités ou activant dans d'autres secteurs. Ces derniers peuvent créer leur propre société et participer ainsi à la réussite du plan de développement de Sonatrach. À une échelle plus réduite, Sonatrach offre des opportunités aux entreprises privées et publiques dans la sous-traitance : gardiennage, catering (blanchisserie, nettoyage des chambres, bureaux), maintenance et entretien de bases et administrations, entretien du parc informatique, entretien du parc auto, transport du personnel, services de transport des marchandises, services d'assistance technique, formation... Il ressort également de la rencontre que les plans de développement ambitieux de Sonatrach et de Sonelgaz, celui des énergies renouvelables et de maîtrise de l'énergie contraignent le secteur de l'énergie à s'ouvrir davantage au privé, ainsi qu'aux entreprises publiques des autres branches. Sans cette contribution des firmes locales, la facture des importations d'équipements et de pièces détachées va exploser davantage et l'appel aux sociétés étrangères plus important. Une situation qui sera de plus en plus insoutenable avec la baisse de nos ressources financières. Du reste, sans une industrie locale des équipements pétroliers, il est vain de s'attendre à ce que l'exploitation du gaz de schiste soit rentable. Telle semble la logique qui sous-tend cet appel à l'investissement des entreprises locales dans le secteur de l'énergie. En l'occurrence, le plan de développement de Sonatrach 2015-2019 nécessitera une enveloppe de 90 milliards de dollars. Il est prévu notamment dans ce programme le forage de 124 puits d'exploration par an, 260 puits de développement par an, la réalisation de 10 000 km2/an de sismique 2D et 26 000 km2/an de sismique 3D. Celui des énergies renouvelables prévoit de réaliser 22 000 MW sur la période 2015-2030 dont plus de 4 500 MW à l'horizon 2020. Le renouvelable permettra d'assurer 27% de la production d'électricité en 2030. Ce programme révisé se répartit ainsi : le solaire photovoltaïque (13 500 MW), l'éolien (5 010 MW), le solaire thermique (2 000 MW), la biomasse (1 000 MW), la cogénération (400 MW) et la géothermie (15 MW). Le secteur de l'énergie appelle les entreprises publiques et privées à participer à ce plan par la fabrication en particulier de cellules photovoltaïques ou de pièces entrant dans une installation éolienne. Quant au nouveau programme de maîtrise de l'énergie, à l'horizon 2030, retenu par le gouvernement, il est prévu l'introduction de l'isolation thermique de 100 000 logements par an avec une économie d'énergie de 25 millions de tonnes équivalent pétrole, la diffusion de 10 millions/an de lampes basse tension économes en électricité et la conversion de 1,3 million de véhicules particuliers qui rouleront au GPL carburant ou au gaz naturel carburant. K. R.