Depuis la parution du rapport Brundtland "Notre avenir à tous" en 1987, la question de l'environnement a quitté le terrain de la coquetterie écologique pour, en un laps de temps très court, occuper une place incontournable dans le devenir du modèle de développement de l'humanité. Pour rappel, ce texte est le fruit du travail de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (Cnued) de l'Organisation des Nations unies, présidée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland, et sera la base du Sommet de la Terre, cinq années plus tard, à Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992. En sonnant le tocsin, le message des Nations unies est simple : "Il est urgent de prendre des décisions pour maîtriser les grands enjeux environnementaux. S'ils sont ignorés aujourd'hui, leurs effets néfastes freineront, à coup sûr, l'existence de l'humanité." Quels sont les domaines où l'activité humaine interfère négativement sur l'écosystème en général ? Ils sont nombreux et peuvent, sans que cela soit une classification universelle, être répertoriés dans des catégories différentes mais qui peuvent se recouper les unes les autres. On aura donc à traiter dans les prochains articles de ce supplément des questions qui auront trait aux problématiques liées : À la pollution qui touche l'air à cause essentiellement des rejets gazeux et de toxines dans les processus industriels utilisant les énergies fossiles (véhicules, usines...), de l'eau en conséquence de déversements des huiles de toutes sortes, des pluies acides et des ruissèlements urbains et des sols dont les déchets industriels les privent des nutriments nécessaires. Aux déchets générés par la surconsommation de ressources, qui posent la problématique de leur élimination. Les techniques de recyclage pour les déchets urbains sont loin d'être la règle dans de nombreux pays, comme le notre par exemple, où l'insalubrité urbaine est devenue repoussante et source de maladies, et les décharges non contrôlées foisonnent pendant que les déchets dangereux, voire radioactifs transitent par des filières non contrôlées malgré les conventions internationales comme celle de Bale, Stockholm ou Rotterdam. C'est un réservoir des atteintes à la santé humaine, de la dégradation des sols, de nuisances à la faune et de sources d'émanation de gaz à effet de serre Au changement climatique-réchauffement qui inquiète par son ampleur et la rapidité avec laquelle il se produit. La mise en cause des gaz à effet de serre dans ce processus est une cause fortement probable. Si tel est le cas, c'est directement lié avec le mode de développement en cours dans le monde. En attendant un accord mondial sur le climat dans la réunion de Paris à la fin de l'année (COP-Conférence des Parties- 21), des mesures dites sans regrets auraient dues être mises en œuvre. L'Afrique du Nord, dont le stress hydrique constitue le défi majeur, a tout intérêt à encourager de telles mesures. La déforestation qui, conséquence de la démographie et d'une mondialisation dominée par un libéralisme débridé, menace les équilibres écologiques de la planète. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ 7,3 millions d'hectares de forêts sont perdus chaque année. Les effets peuvent être dévastateurs en provoquant inondations, érosion des sols, augmentation du réchauffement climatique, extinction d'espèces... La perte de la biodiversité qui est une préoccupation majeure. Des écosystèmes qui ont mis des millions d'années à se constituer et se perfectionner sont menacés, à l'exemple de la pollinisation essentielle à la vie humaine ou la destruction des massifs coralliens qui sous-tendent la vie marine. Enfin, il y a plusieurs autres phénomènes préoccupants, comme l'acidification des océans qui impacte la chaîne alimentaire, les modifications génétiques des aliments qui entraînent automatiquement une augmentation des toxines pour d'autres espèces, l'étalement urbain qui détruit les terres agricoles, les pluies acides et bien d'autres phénomènes liés à l'environnement. Deux volets importants sont relatifs à l'éducation, l'information et au niveau de la législation dans le domaine. L'intégration dans les programmes scolaires de la question du respect de l'environnement ne semble pas produire les effets escomptés. Les atteintes multiples aux espaces publics témoignent largement du manque d'intérêt -en tout cas d'effort- d'une large majorité des populations et, parfois, de l'administration même pour garder les lieux communs accueillants. Au plan de la loi, malgré la promulgation de plusieurs textes en faveur de l'environnement, leur application demeure aléatoire. L'exemple de l'interdiction de l'amiante dans la construction et partant sa fabrication ne pouvait exonérer les autorités du nettoyage des lieux infectés. À ce jour, ni les préfabriqués de Chlef, ni l'usine de Gué de Constantine, ni celle de Zehana (Mascara) ou encore celle de Bordj Bou-Arréridj ne sont désinfectées. La mobilisation des citoyens de Chlef ou de Bordj Bou-Arréridj, à cause de l'apparition de cas de cancers dépassant les normes, n'a rien pu y changer. Les promesses du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement ne semblent être destinées qu'à la consommation extérieure. R. S.