Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, dont relève ce corps, créé durant les années 1990 dans le cadre de la lutte antiterroriste, accepte enfin de dialoguer avec cette frange de patriotes jusque-là lésée. Youcef B. de Médéa et M'hena H. de Tizi Ouzou sont tous deux victimes d'une radiation "arbitraire" du corps des gardes communaux, après de loyaux services rendus à la nation, notamment durant la décennie noire. Le nombre de leurs collègues à se retrouver dans la même situation, a-ton appris de sources proches du dossier, avoisinerait actuellement les 35 000 agents au niveau national. Leur plus grand malheur est qu'ils ne sont pas éligibles à la retraite, car n'ayant pas atteint les 15 ans de service exigés. Après des années de combat, ils viennent tout de même de gagner une bataille, celle de convaincre les autorités à se pencher enfin sur leur cas. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales dont relève ce corps, créé durant les années 1990 dans le cadre de la lutte antiterroriste, accepte, en effet, de dialoguer avec cette frange de patriotes jusque-là lésée. Après une première rencontre tenue le 1er avril, les délégués nationaux de la police communale ont été reçus, hier, pour second round de négociation, par le directeur général des ressources humaines, de la formation et des statuts au ministère de l'Intérieur, Abdelhakim Merabti. Ce round entrant dans le cadre d'un dialogue "continu" a été exclusivement réservé à l'examen, par la commission regroupant les représentants des deux camps, des dossiers des agents radiés. Lors d'un point de presse tenu juste avant l'ouverture de la séance de la commission, M. Merabti a de prime à bord tenu à rappeler le traitement de "6 dossiers" à l'occasion de première rencontre, avant de s'engager à "accélérer la cadence" du travail de la commission afin d'examiner progressivement tous les dossiers dont il se réserve, néanmoins, de révéler le nombre. "On ne peut pas savoir le nombre exact des dossiers sachant que les cas diffèrent", s'est contenté de justifier, non sans rassurer, qu'ils seront "minutieusement examinés au cas par cas". Youcef B. et M'hena H. — ce dernier père de 6 enfants —, ayant exercé respectivement 13 ans et demi et 9 ans, en ont gros sur le cœur. Ils crient à l'injustice. "J'ai été radié en 2009 pour avoir déserté, sous pression, mon poste dans la région de Ksar Boukhari", raconte, un brin d'amertume, Youcef B., qui s'impatiente à "comparaître" devant la commission. Son chagrin est partagé par tous ses collègues et, plus particulièrement, les délégués du Conseil national des gardes communaux s'apprêtant à défendre, entre autres, son cas. Les agents radiés revendiquent, soit leur réintégration dans le corps, soit la compensation des années qui leur manque pour bénéficier d'une retraite. "La commission était souveraine dans ses décisions pour adopter les mesures adéquates après examen des recours", a précisé M. Merabti. La volonté affichée par le département de Tayeb Belaïz ne pouvait qu'être "saluée" par le coordinateur national des gardes communaux, Tayeb Benamara Tayeb, qui s'engage, par ailleurs, à défendre l'ensemble des revendications des gardes communaux. Même son de cloche chez son collègue, également membre du CN, Zoheir Kouadria, qui énumère, entre autres, la revalorisation de la retraite, la compensation des heures supplémentaires, l'accès aux microcrédits, la revalorisation des primes de risque et d'astreinte, ou encore la hausse du taux de remboursements des soins à 100% par carte Chifa. Des revendications, somme toute légitimes, que le représentant du ministère ne pouvaient que reconnaître. M. Merabti s'est montré, néanmoins, dubitatif quant la revendication relative à l'attribution des primes de responsabilité réclamée par des agents ayant assuré les postes de chef ou adjoint-chef de détachement, chef de groupe ou chef d'équipe. Ce problème, révèlent les contestataires, se poserait dans au moins 15 wilayas. Pour M. Merabeti, cette revendication n'a pas lieu d'être tant que, estime-t-il, les postes de responsabilité représentés des grades ayant été affectés par "nomination". Une explication qui ne tient pas la route selon les gardes communaux qui réfutent l'idée que des postes de responsabilité auraient été occupés volontairement. Selon eux, tous les agents ayant occupé des postes de responsabilité ont été "nommés" par rapport à leur expérience. L'autre revendication des gardes communaux, dont la pension de retraite accumulée dépasse les 24 000 DA, est relative à l'accès quasi-impossible aux logements sociaux. En attendant l'issue du dialogue engagé, les gardes communaux s'interrogent : pourquoi leurs revendications tardent encore à être satisfaites, alors que celles des terroristes repentis qu'ils ont combattus le sont depuis déjà longtemps ? F .A.