Ce qui était une rumeur, il y a près de deux mois, est devenu désormais une réalité. Lyes Benidir n'est plus directeur général de l'AADL. Si pour certains observateurs très au fait du secteur de l'habitat il s'agit d'un limogeage décidé par le ministre, l'intéressé soutient mordicus, que c'est lui-même qui a démissionné de son poste samedi dernier. Les raisons qu'il a évoquées restent, selon lui, "personnelles". Limogeage ou démission, une chose est sûre, Tarek Belarbi, directeur des travaux à l'Entreprise nationale de la promotion immobilière (Enpi), le remplace officiellement à la tête de l'agence. Un autre changement a été opéré également à la direction générale de l'Enpi. Abdelmadjid Tebboune nomme, en effet, un nouveau DG, en la personne de Mohamed Belhadi, qui dirigeait auparavant l'OPGI de Tipasa, en remplacement d'Amar Guellati, démissionnaire lui aussi. Même si cela n'a pas été confirmé, des tensions caractérisaient ces derniers mois, les relations entre le premier responsable du département de l'Habitat et l'ancien DG. Le motif a trait aux diverses restructurations décidées par le ministre et qu'a subies l'AADL. L'agence est scindée en six directions régionales, à savoir Alger-Est, Alger-Ouest, Oran, Constantine, Annaba et Ouargla. À cela, il y a lieu d'ajouter les quatre DG adjoints chargés de la maîtrise de l'ouvrage, de la souscription et de la commercialisation, de la gestion immobilière et des finances ainsi que de l'administration générale, avec lesquels devait composer M. Benidir. Cela faisait trop pour l'ex-DG qui se voyait dépourvu de toutes ses prérogatives. Les pressions éreintantes dont il était victime quant à ses engagements sur les livraisons et les retards flagrants enregistrés par les différents chantiers n'ont fait qu'envenimer la situation. Le départ de Lyes Benidir de la DG de l'AADL était déjà dans l'air. La presse s'en était fait l'écho, mais l'information avait été aussitôt démentie à la fois par le concerné et son ministre. "C'est une rumeur. Je suis actuellement dans mon bureau. Je n'ai pas été mis à l'écart par la tutelle", déclarait, en mars dernier, M. Benidir. Il a continué à occuper son poste et à travailler le plus normalement du monde jusqu'à samedi dernier, le jour où il a pris la ferme décision de jeter l'éponge. Une démission acceptée par ses responsables hiérarchiques. D'aucuns s'interrogent en fait sur les vraies raisons à l'origine de cette séparation qui est loin d'être à l'amiable, entre les deux hommes. Leurs déclarations sur les différents chantiers de l'AADL étaient contradictoires. Pis encore, Lyes Benidir brillait par son absence lors des rencontres présidées par Abdelmadjid Tebboune. Deux preuves plus que convaincantes qui confirment le divorce consommé entre les deux responsables. Ce énième changement à la DG de cette agence qui gère la location-vente de logement, une formule très prisée par les Algériens, sonne ainsi le glas d'une gestion qui ne serait apparemment pas appréciée en haut lieu. Certaines sources allèguent un rapport défavorable qui accable l'ex-DG, transmis au Premier ministre, dans lequel on relèverait des anomalies dans les statistiques avancées sur les chantiers et les ajournements répétitifs des livraisons de logements. Ce qui aurait provoqué l'ire de Sellal et poussé le ministre de l'Habitat à donner un souffle nouveau à même d'accélérer la cadence de la réalisation du programme. Reste à savoir si le nouveau DG saura relever le défi pour mener à bien les projets identifiés, mettre de l'ordre dans la maison AADL et surtout tenir les promesses faites aux souscripteurs... B. K.