L'accord de paix et de réconciliation au Mali, conclu à Alger début mars, attend toujours d'être paraphépar la Coordination des mouvements de l'Azawad. Dans le Nord-Mali, la situation sécuritaire demeure précaire. Le retour des mouvements jihadistes, responsables d'une série d'attentats, y compris à Bamako, suscite d'énormes inquiétudes. Les Maliens s'impatientent de plus en plus, à cause de l'attente imposée par les groupes politico-armés de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui refusent jusqu'à maintenant de parapher l'"accord de paix et de réconciliation au Mali", signé début mars à Alger. Outre l'étouffante crise économique qu'ils dénoncent, de nombreux Maliens décrient l'accord signé par Bamako à Alger. À travers les mouvements politiques de l'opposition, des voix de la société civile attribuent l'insécurité grandissante au Mali à la crise politique qui secoue leur pays depuis l'éclatement de la rébellion touareg en 2012. "La recrudescence de l'insécurité urbaine et interurbaine sur l'ensemble du territoire, les vols de bétail et autres en milieu rural sont source d'inquiétude pour les populations et réduisent leur mobilité tout en pesant sur les économies locales", a expliqué Modibo Sidibé, leader des Forces alternatives pour l'émergence et le renouveau (Fare), dans des propos relayés par la presse malienne. Modibo Sidibé doute même de la capacité de l'Etat malien à contrôler l'ensemble du territoire malien, faisant référence au Nord-Mali où l'insécurité règne en maître des lieux, à cause de la crise politique opposant les autorités de Bamako aux mouvements politico-armés de l'Azawad. "L'absence de sécurité hypothèque les efforts de développement. Et, réciproquement, la fragilité socioéconomique favorise les conflits et l'insécurité", a-t-il souligné. Il faut dire que la crise politique actuelle dans le Nord-Mali est le fruit d'une situation socioéconomique que les populations locales dénoncent depuis des décennies. Ce pourquoi un des plus importants membres de la CMA, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a toujours lutté pour l'indépendance, avant de se rétracter sous la pression de la communauté internationale et les exigences de Bamako de préserver l'intégrité territoriale du Mali. Le respect de l'unité nationale du Mali a été posé comme condition préalable à toute discussion de paix. Plus agressifs encore, certains mouvements de l'opposition rejettent carrément le document paraphé par Bamako à Alger. "L'accord d'Alger n'est pas bon (...), la société civile le dit, l'opposition le dit et dans la majorité, ceux qui sont patriotes, sincères et convaincus le disent aussi", a déclaré le chef de file de l'opposition, Soumaïla Cissé, et son allié, Djiguiba Keïta, cités par le quotidien local La Sentinelle. Outre les politiques et les acteurs de la société civile à Bamako, les médias locaux n'épargnent avec leurs critiques, ni la CMA ni le gouvernement du président Ibrahim Boubacar Keïta. Ce qui n'est pas pour apaiser une situation politique et sécuritaire désastreuse dans ce pays voisin, où les groupes terroristes islamistes continuent de semer la terreur dans le nord du pays, malgré la présence des troupes françaises et les soldats onusiens de la Minusma. Tout aussi inquiet que les Maliens, "le président malien Ibrahim Boubacar Keïta souhaite une médiation mauritanienne aux côtés de l'Algérie dans la crise que connaît son pays", a déclaré, mardi à Nouakchott, le ministre malien de la Réconciliation nationale, Dhehbi Sidi Mohamed, a rapporté l'agence officielle mauritanienne APA. "Le Mali compte sur la Mauritanie pour poursuivre ses efforts afin que les parties qui n'ont pas encore paraphé l'accord d'Alger le signent", a déclaré Mohamed Dhehbi, à l'issue de son entrevue avec Ould Abdel Aziz. Un souhait qui dissimule difficilement quelques inquiétudes. Pour rappel, la CMA rassemble le MNLA, le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), la Coalition des peuples de l'Azawad (CPA), ainsi que la Coordination des mouvements et des Forces patriotiques de résistance (CMP-FR). L. M.