S'il y a un paramètre qui a chahuté la première année du 4e mandat du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, c'est bien la dégringolade des prix du pétrole. En quelques mois, le baril est tombé de plus 110 dollars à moins de 60 dollars. Le 26 août 2014, le Conseil des ministres a examiné et adopté le projet de loi de finances pour 2015. Le projet de budget a été présenté à l'Assemblée nationale dès le mois de septembre 2014. Il sera voté et adopté fin octobre 2014, sans prendre garde au fait que la situation du marché pétrolier mondial, tellement important pour l'économie algérienne, avait commencé à se détériorer très sérieusement tout au long du second semestre de l'année 2014. En fin d'année, le prix du pétrole était descendu largement au dessous de la barre des 50 dollars. C'est le double de ce prix, soit 100 dollars le baril, qui servira de base aux prévisions du budget 2015. Le gouvernement aurait pu réviser le projet initial plus en amont. Mais il ne l'a pas fait, tablant, peut-être, sur une décision de réduction de la production de l'Opep qui ferait remonter les prix. Finalement, la réunion de l'Opep en novembre 2014 a été un échec. La décision de l'organisation de ne pas réduire sa production de pétrole a accéléré la chute des prix du pétrole. À Alger c'est la panique. L'effondrement des cours du pétrole met pourtant les finances publiques sous pression. En décembre 2014, le président de la République, préside un conseil restreint consacré aux développements enregistrés par le marché pétrolier international et leurs retombées sur la démarche économique et sociale du pays. Voici le communiqué rendu public par la présidence de la République à l'issue de cette réunion. Abdelaziz Bouteflika relève que la crise actuelle des prix du pétrole est sévère, avec des perspectives imprévisibles à court terme. Il se veut rassurant, pour autant, indiquant que face à cette inquiétante crise, l'Algérie dispose d'une certaine marge de manœuvre résultant d'un désendettement public anticipé quasi-total, des réserves de changes constituées, ainsi que de l'épargne publique accumulée au niveau du Fonds de régulation des recettes. Tout en maintenant le programme quinquennal d'investissements publics, le chef de l'Etat ordonne néanmoins au gouvernement d'adapter le rythme et les priorités de lancement des nouveaux projets et en veillant aussi à la maîtrise de leurs coûts. Mais le choc externe subi par l'économie algérienne est d'une grande ampleur. Les réserves de changes ont chuté de 15 milliards de dollars en une année. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, d'habitude très prudent, avertit : "Les réserves de changes peuvent amortir un choc externe dans l'immédiat, elles pourraient s'effriter en cas de baisse prolongée des cours." Jusqu'à présent, le gouvernement ne veut pas entendre parler d'austérité et préfère rassurer la population sur le maintient des subventions et les programmes de logements. La loi de finances complémentaire 2015, prévoyait plusieurs mesures visant la rationalisation des dépenses et la protection de l'économie nationale. "Il ne s'agit pas de mesures d'austérité, mais plutôt de rationalisation des dépenses" a affirmé le ministre des Finances. La démarche qui sera choisie par les pouvoirs publics algériens pour aborder les ajustements à un budget 2015 déjà désarticulé au moment même où il était promulgué, nous renseignera plus sûrement, par delà le nécessaire rééquilibrage des comptes publics, sur les perspectives réelles qui seront offertes à l'économie algérienne. M. R.