Résumé : Malika tente par des propos apaisants d'alléger la tension qu'elle sentait chez sa belle-sœur. Peine perdue. Mordjana était outrée. Samir les rejoint. Il est sidéré par le comportement de son père. Même le jour de son mariage il n'a pas pu s'empêcher de se rendre dans un bar et de se griser avec son beau-père. Mordjana avait vraiment honte. Elle pense à sa mère au bled, à ses jeunes sœurs et frères, et à Maroua. Etait-elle arrivée à la maison ? Elle en doutait... C'est son frère Laïd qui devait conduire, car son père était trop ivre pour le faire... Laïd était très prudent sur la route, et conduisait à vitesse modérée... Elle jette un coup d'œil à la pendule de la cuisine et note qu'il était presque vingt-deux heures. Samir toussote, et elle se rappelle de sa présence à ses côtés : -Je pensais à ma famille, lance-t-elle comme pour se justifier. -Elle te manque déjà ? -Un peu... Je ne suis pas habituée à les quitter. Hormis quelques courts séjours chez ma sœur Maroua ou chez mes grands-parents, je n'ai pratiquement jamais quitté la maison et les lieux de mon enfance. -Ce qui fait que maintenant tu te sens perdue et dépaysée parmi nous... -Pourquoi dis-tu cela Samir ? -Je résume ton état d'âme... Voilà tout... Elle baisse la tête et se remet à touiller son thé. Un silence pesant régna sur les lieux. Chacun méditait sur son sort. Aïssa avait engendré une situation qui n'était pas en faveur de sa famille... Quelqu'un trébuche au seuil de la porte. Mordjana relève la tête et Samir se lève pour aller au-devant de son père. Malika pince le bras de sa belle-sœur et lui chuchote : -Ne prends surtout pas ses dires au sérieux... Quand il est dans cet état, il peut débiter n'importe quoi. -Tu oublies trop vite Malika... Tu sais bien que je connais ce comportement puisque c'est le même cas pour mon père. Samir aide son père à s'installer sur une chaise. Mordjana se lève pour le saluer. Il avance sa tête vers elle, et lui indique de son index son front : -Tu dois m'embrasser là... Aïssa n'aime pas les embrassades sur les joues. Hein... Tu as compris ? Mordjana s'approche de son beau-père et l'embrasse à l'endroit indiqué. Puis, comme s'il vient de se rappeler quelque chose, le vieil homme la regarde intensément avant de lancer d'une voix chevrotante : -Tu... Tu n'es pas ma fille ! Qui es-tu, toi ? Malgré elle, Mordjana rougit. Cet homme était encore un étranger pour elle, et ses manières l'intimidaient. Elle lance un regard interrogateur à son mari, qui hoche la tête silencieusement. -Je suis... Je suis Mordjana... Ta belle-fille... Il lève une main puis la laisse retomber sur sa poitrine : Mordjana ! Un joli prénom... Ah ! ça y est, je me rappelle... Tu es la fille d'Ahmed... Et maintenant tu es la femme de Samir... Ah ! ah ! ah ! Je t'ai gagnée lors d'une partie de poker... -Papa ! Veux-tu un peu de thé ? C'était Malika qui était venue au secours de sa belle-sœur. Les propos de son père ne pouvaient la laisser de marbre et elle avait remarqué tout de suite les larmes qui brillaient dans les yeux de Mordjana. Samir prend la main de sa femme et la serre dans la sienne en lui murmurant : -Ne le prends pas au sérieux... Il ne sait pas ce qu'il a fait, et c'est dans ses moments troubles qu'il se rappelle des choses passées. Lorsqu'il reprendra ses esprits, il va se fondre en excuses... C'est toujours ainsi... Il ne changera jamais ! La jeune femme se cache derrière son mari, et ce dernier la pousse vers la sortie : -Je te retrouverais plus tard dans notre chambre. Mordjana se faufile jusqu'à la porte de la cuisine, et sortit dans la cour. Elle allait contourner une colonne, lorsque sa belle-mère surgit devant-elle : -Ah ! c'est toi... Où cours-tu comme ça comme une forcenée ? Mordjana se fige. Evidemment, c'était la journée des retrouvailles, se dit-elle. -Euh.... Je ne courrais pas... Je me rendais... Je... -Oui... J'ai compris, tu voulais te rendre dans ta chambre... Mais ton air contrarié ne me plaît pas... Que se passe-t-il ? Le courant ne passe pas entre Samir et toi ? -Euh... Non... C'est juste que nous étions dans la cuisine, et que... Elle déglutit, puis remarquant que sa belle-mère la dévisageait curieusement, elle se tut. -Alors que se passe-t-il ?, insiste Hasna. -Rien... Heu... Ammi Aïssa est venu et il... Hasna hoche la tête d'un air entendu : -Ah ! il s'est enfin réveillé celui-là.. ? (À suivre) Y. H.