De l'avis des militants, mais surtout des enseignants de tamazight qui étaient présents en force, lors de la rencontre du 21 février, consacrée Journée internationale des langues maternelles, le bilan n'est guère satisfaisant, bien au contraire, il indique un inquiétant recul dans certaines wilayas où l'enseignement de cette matière subit coup sur coup des revers : absence de classes d'enseignement, absence d'enseignants et vient le caractère facultatif pour porter l'estocade à l'enseignement de la langue de Massinissa, même si dans cette région du pays (Aurès), la langue d'usage dans l'arrière-pays reste le chaoui, aussi bien à Talkhmet (Batna) qu'à Imsounine (Biskra) et Teberdga (Kenchela). Un bilan négatif Selon les propos d'un ancien formateur, chercheur et enseignant de tamazight, Guetouchi Salim, en toute neutralité, le bilan de l'enseignement de tamazight dans les Aurès est plutôt négatif en dépit de quelques avancées. Il étaye ses propos en rajoutant : "Dès le début du lancement de l'enseignement de tamazight dans les Aurès, il y avait déjà une maldonne. Comment peut-on réussir une nouvelle expérience en commençant avec des classes d'examen, en l'occurrence l'ex-9e AF et la 3e AS. Heureusement qu'une année après, ils ont rectifié le tir, en choisissant d'enseigner cette langue dès le 3e palier, sachant qu'ils ont gardé l'aspect facultatif de cette matière (tamazight)." Selon un autre enseignant, Nadhir Jebbar Kercheth (Oum El-Bouaghi), qui a eu le privilège et la chance d'avoir réalisé le premier la couverture du manuel de tamazight, a été, hélas, poussé vers la sortie pour divers prétextes, dont celui de l'absence de postes budgétaires. Cet alibi a fait un ravage dans le corps des enseignants de tamazight dans sa variante chaouie. Lors d'un colloque à l'université de Batna, nous avons rencontré le secrétaire général du HCA, Si El-Hachemi Assad, qui nous a donné toutes les garanties pour que l'enseignement de tamazight retrouve la place qui lui revient, pas uniquement dans les Aurès ou les autres zones berbérophones, mais à travers tout le pays, sachant que tamazight est une langue nationale.
L'enseignement de tamazight est une affaire pédagogique non idéologique ou politique C'est ainsi que répondait le premier responsable du Haut-Commissariat à l'amazighité après une réunion avec le ministre de l'Education où il a été convenu d'une prise en charge réelle de tamazight et de sa généralisation à travers tout le pays, pour tous les paliers et, bien sûr, lui donner un caractère obligatoire. Selon les chiffres disponibles à la Direction de l'éducation de Batna, il existe, à travers la wilaya, 50 enseignants de tamazight dans le primaire, 85 dans le moyen et 34 dans le secondaire, où l'on enregistre 5 862 élèves répartis sur 237 classes. Si dans les deux cycles, moyen et secondaire, on parle d'une stabilité dans la qualité de l'enseignement et de présence régulière, ce n'est pas le cas au primaire où la double vacation semble être le premier handicap pour pérenniser les cours de tamazight. Interrogés sur le choix des caractères, sujet qui semble fâcher certains acteurs extrascolaires, les enseignants de tamazight, dans leur majorité, disent rester en harmonie avec ce qu'ils ont appris durant leur formation, c'est-à-dire les lettres universelles. R. H.