Le leader du PPA/MTLD, Messali Hadj, a encore du mal à trouver grâce aux yeux des plusieurs moudjahidine et hommes politiques. Accusé depuis des décennies de "trahison", y compris par la très "discrète" Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Messali Hadj a fait l'objet d'une énième controverse, en janvier dernier, provoquée par l'ancien président du RCD, Saïd Sadi. Celui-ci s'est dit "choqué" que l'aéroport de Tlemcen ait été débaptisé au nom de Messali, alors qu'il a dirigé "un mouvement armé (MNA, ndlr) contre l'ALN durant la révolution". Irrité par l'intrusion du président français dans les affaires algéro-algériennes, l'ex-leader du RCD a été jusqu'à comparer Messali Hadj au maréchal Pétain. Plus tard, Sadi a alerté sur les risques de "révisionnisme". Plus récemment, un des opposants du leader du PPA/MTLD, Chawki Mostafaï, a déclaré à Liberté que "Messali était un traître objectif", en lui reprochant d'avoir négligé "la notion d'unité de la lutte révolutionnaire comme un objectif fondamental". L'"affaire" sur Messali hadj vient confirmer, une fois de plus, la complexité des problèmes pendant la colonisation, mais aussi l'importance de l'écriture de l'histoire, avec un regard apaisé et débarrassé des ingérences unanimistes et politiciennes, qui ont causé tant de divisions. Elle vient, en outre, démontrer que la version officielle de notre histoire contemporaine est de plus en plus battue en brèche, nécessitant un retour de la parole confisquée et surtout de sérieux travaux de recherche, pour concilier les Algériens avec leur histoire. Toute leur histoire. Messali Hadj, pour rappel, né le 16 mai 1898 à Tlemcen, en Algérie. D'après le chercheur en histoire Mohamed Rebah, il intègre jeune "le milieu parisien de l'émigration coloniale", suit une "formation politique à l'école marxiste-léniniste du PCF", avant de devenir, en 1926, le secrétaire général de l'Etoile nord-africaine (ENA). Selon lui, c'est en février1927 que l'ENA, par la voix de Messali Hadj, "réclame l'indépendance de l'Afrique du Nord" et revendique notamment "l'indépendance de l'Algérie", le "retrait des troupes françaises d'occupation" et le "retour à l'Etat algérien des terres et forêts accaparées par l'Etat français". En 1929, Messali Hadj quitte le PCF et crée le PPA à Paris, puis à Alger, ensuite le MTLD. Le 2 novembre 1954, soit le lendemain de la "Proclamation" du FLN, Messali Hadj fonde un nouveau parti, le MNA. Pour l'historien Daho Djerbal, l'accusation de trahison portée à l'encontre de ce dernier "figure dans la thèse officielle du FLN". Par ailleurs, il classe les luttes fratricides FLN-MNA sur le registre de "la lutte pour le contrôle" sur la population algérienne. H. A.