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"Plus les conditions de légalité se resserrent, plus l'illégalité augmente"
Delphine Perrin, chargée de recherche au Ceric, université d'Aix-Marseille, à "Liberté"
Publié dans Liberté le 22 - 04 - 2015

Spécialiste, entre autres, en droit comparé de la migration et chargée de recherche – Action Marie-Curie au Ceric (Centre d'études et de recherches internationales et communautaires), à l'université d'Aix-Marseille, Delphine Perrin a identifié certaines raisons de l'important flux migratoire vers le vieux continent. Elle en propose aussi des solutions.
Liberté : Demain, il y aura un sommet de l'Union européenne pour étudier les réponses à apporter au problème de l'immigration clandestine. Attendez-vous des mesures concrètes de la part de l'UE ?
Delphine Perrin : Il me semble que c'est l'occasion pour les Etats européens de réfléchir à la proposition de la Commission faite le mois dernier (mais dont nous n'avons pas entendu parler depuis les tragédies) : celle de permettre aux bureaux et ambassades européens dans des pays tiers (Egypte, Niger, Turquie, etc.) de traiter les demandes d'asile. Cela permettrait aux personnes ayant besoin d'une protection de ne pas prendre le risque de traversées meurtrières et d'obtenir leur visa dans le pays où elles se trouvent. Cette proposition implique de pouvoir répartir, au sein de l'UE, les réfugiés acceptés, ce qui va à l'encontre du système actuel qui fait peser sur un petit nombre d'Etats la charge de l'accueil et de la protection de la plupart des réfugiés. Ce sommet devrait aussi être l'occasion de réfléchir au développement de conditions légales de circulation des personnes quittant leur pays, seul moyen d'éviter que ces personnes recourent à des passeurs, des réseaux criminels et prennent le désert ou la mer. Pour l'instant, les Etats européens n'ont annoncé qu'une volonté de renforcer les moyens en Méditerranée. C'est une bonne chose, si cela signifie davantage de moyens pour secourir les personnes en mer (sur le modèle de l'opération italienne Mare Nostrum). Mais il faut absolument — et les Etats européens le savent — réfléchir à des solutions en amont, et ces solutions ne peuvent être trouvées que dans la facilitation des conditions de circulation légales, puisque les raisons qui poussent les personnes à quitter leur pays sont toujours plus nombreuses. Il faut donc nécessairement une réflexion non seulement sur les possibilités de délivrer des visas pour des raisons de protection en amont, mais aussi sur une facilitation d'obtention d'autres types de visa. Des recherches très sérieuses en cours travaillent également sur la possibilité de supprimer les visas, ce qui ne constituerait pas un appel d'air sur le long terme et n'empêcherait pas un contrôle des séjours par ailleurs. Mais sans aller jusque-là dans un premier temps, les Etats européens doivent être amenés à s'interroger sur une plus grande ouverture des frontières.
En évoquant les raisons de ce flux d'immigrants, ne pensez-vous pas que les pays de l'UE doivent réviser leur politique avec les Etats africains et cesser de soutenir les régimes en place ?
Bien sûr, mais là nous touchons au cœur des raisons, multiples, de départ et qui nous amèneraient à un long débat sur la contribution des Etats européens aux conditions (économiques, politiques, sociales, etc.) qui poussent les personnes à partir. Et justement : puisque les Etats européens sont impliqués dans la plupart de ces raisons de départ, ils ont aussi une responsabilité à accueillir et protéger les personnes poussées à partir. J'aimerais ajouter aussi qu'aux côtés des Etats européens, d'autres pays peuvent agir pour permettre une diversification des possibilités d'accueil des migrants. La Tunisie a, ces dernières années, reçu beaucoup de réfugiés et elle travaille actuellement sur un projet de loi sur l'asile.
Le Maroc s'est lancé dans la mise en place d'une politique d'immigration et d'asile et a délivré un titre de séjour à tous les Syriens qui en ont demandé un l'année dernière. L'Algérie, en revanche, a rétabli les visas d'entrée pour les Syriens...
Ce phénomène d'immigration clandestine est-il exceptionnel ou est-ce seulement le nombre tragique de morts qui lui donne une telle dimension ?
Ce phénomène n'est pas exceptionnel, l'irrégularité des circulations a explosé à partir des années 1980/1990 lorsque se sont développées les obligations de visa pour se rendre en Europe, et les contrôles un peu partout, y compris en Afrique du Nord. Plus les conditions de légalité se resserrent, plus l'illégalité augmente (beaucoup de recherches ont démontré que l'illégalité n'empêche pas les gens de partir, mais modifie seulement les parcours et les modes de circulation). Mais il est vrai que ce phénomène connaît une forte augmentation (qui reste cependant minime en rapport avec le nombre des personnes entrant légalement en Europe).
La plupart des immigrants africains passent, depuis un moment, par la Libye, un pays en guerre. Les grandes puissances laisseraient-elles faire les passeurs pour justifier une intervention armée en Libye, au nom du droit à l'ingérence humanitaire ?
Je ne saurais pas répondre sur ce point. Je pense, en revanche, qu'il n'est pas très faisable de lutter contre les passeurs en Libye actuellement, au vu de la situation sur le terrain. Et puisqu'il y a surtout une certaine indifférence - sauf ces derniers jours, en raison du nombre de morts qui suscite la médiatisation d'un phénomène pourtant quotidien.
Ces événements (morts des immigrants, augmentation de leur flux) ne serviraient-ils pas les intérêts des extrêmes droites européennes ?Il était sans doute temps : l'Union européenne va tenir demain un sommet extraordinaire afin de se pencher sur les voies et moyens pour répondre en urgence au drame des migrants en Méditerranée dont plusieurs centaines viennent de périr.
Oui, mais pas seulement elles, car beaucoup de partis européens, même lorsqu'ils ne sont pas d'extrême droite, aiment jouer de la peur de l'étranger et de l'immigration (regardez le gouvernement britannique aujourd'hui, ou encore la présidence Sarkozy en France, etc.).
Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen en charge de l'immigration, propose une batterie de mesures de lutte qui nécessitent la mobilisation de nombreux moyens humains et financiers. La lutte contre la violence économique en Afrique ne serait-elle pas le premier rempart contre l'immigration clandestine vers l'Europe ?
Bien sûr, mais ce n'est pas de son ressort ! Et ce ne sera pas non plus abordé lors du sommet de l'UE. C'est une réflexion plus profonde à avoir, qui ne peut être lancée que par de la sensibilisation et un combat politique à long terme. Mais à vrai dire, c'est un chantier de tellement grande ampleur qu'il est difficile de croire que les Etats européens se lancent dans la refonte du système économique mondial prochainement...
Dans les débats sur le problème de l'immigration clandestine, certains accusent les relais et les réseaux de ce qui est appelé la Françafrique d'être parmi les responsables de ce flux. Êtes-vous du même avis ?
En fait, je crois qu'on touche ici encore aux multiples raisons qui motivent les départs et les destinations. On peut dire que les immigrants en France viennent principalement d'anciennes colonies françaises à la fois parce que ces pays n'offrent pas les conditions pour rester (et ici, on peut parler des différentes responsabilités, qui sont celles des pays d'origine mais aussi de pays qui participent à leur mal gouvernance, comme ce peut être le cas de la France ou d'autres pays) et aussi parce que les migrants vont dans des pays de préférence lorsqu'ils en parlent la langue, lorsqu'ils y ont de la famille, des liens, etc..
L. M.


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