Résumé : Mordjana avoue à son mari qu'elle n'avait pas aimé le comportement de sa mère envers lui. Samir la rassure... Tout comme eux, sa mère était une victime. Il lui demandera de lui expliquer plutôt les raisons qui l'ont menée à lui faire visiter le mausolée du saint de la région puis lui avouera qu'il aurait aimé qu'elle lui fasse partager ses préoccupations... Lui en voulait-il ? Il sursaute : -T'en vouloir ? Pourquoi donc ? -De t'avoir caché mes rendez-vous chez les gynécologues. Il secoue la tête : -Ce n'est rien tout ça... Tu voulais prendre les devants et démontrer que tu es une femme capable d'agir seule pour le bien-être de notre couple... Je... j'aurais juste aimé que tu te confies davantage à moi... Ces derniers temps tu paraissais si triste, si vulnérable que j'ai cru que tu me cachais une maladie ou du moins une dispute avec ma mère... Elle soupire : -Je me suis accommodée au caractère de ta mère, et même aux retours inopinés et brusques de ton père... Je ne me plains pas trop de la vie que je mène auprès de toi et des tiens... Elle passe une main sur son ventre : -J'ai espéré te donner un enfant dans la deuxième année de notre mariage... Je n'ai fait aucun calcul dans ce sens et je n'ai même pas pris mes précautions... À l'issue de la première année, je me disais que la nature me donnait un répit. J'étais un peu surmenée et stressée par mes opérations, puis par mes formations...J'ai mis mon retard à tomber enceinte sur tout ça... Mais depuis que j'ai commencé à travailler, je n'ai pas cessé de ruminer des idées noires... Je craignais tant d'être stérile et de te décevoir. -Me décevoir ? Tu n'y penses pas Mordjana... Un enfant se conçoit à deux... S'il y a anomalie, tu ne devrais pas te sentir la seule coupable... -Je sais... C'est pour cela que je voulais avoir le cœur net... C'est pour cela aussi que je n'ai pas voulu que tu saches que je me rendais chez des médecins qui m'ont fait passer un tas de tests et d'analyses, pour me rassurer et me dire que je n'étais ni stérile ni malade. -Donc le mal vient de moi... -Je n'ai pas dit ça... Pourquoi t'accuser et de surcroît sans preuves ? -Tu voulais justement cette preuve... Tu ne savais pas comment aborder le sujet avec moi, et tu as préféré tout d'abord demander l'avis de ta grand-mère qui t'a conseillé de m'orienter vers un médecin... N'est-ce pas Mordjana ? Elle baisse les yeux : -Je ne voulais pas te blesser... Je craignais ta réaction... Il soupire : -Cela fait deux années que nous vivons ensemble, et tu ne me connais pas encore assez pour comprendre que je suis un homme averti qui ne prend pas les vessies pour des lanternes... Un simple mot de toi m'aurait incité à consulter un médecin... Mais tu ne m'as rien dit... C'est pour cela que j'ai pris moi-même l'initiative de voir un spécialiste, qui a procédé à des échographies et à des analyses afin de me donner une réponse concrète. Mordjana n'en croyait pas ses oreilles... Elle ouvrit tout grand ses yeux avant de s'exclamer : -Tu as été voir toi aussi un médecin Samir ? -Oui... Lorsque j'ai découvert cette ordonnance dans tes affaires, j'ai tout compris. Alors, craignant une mauvaise réaction de ta part si je t'avouais tout, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes pour être rassuré sur mon sort moi aussi... -Tu vois que toi aussi tu avais peur de m'en parler.. -Cette appréhension de ma part est compréhensible. C'est toi qui avais préféré agir seule et sans me mettre au courant... Alors j'ai suivi le même chemin... Mais je pense que nous sommes tous les deux à blâmer... Franchement, il est aberrant pour un couple de se cacher ses choses intimes dont il devrait plutôt parler ouvertement. -Je suis désolée si cela t'a frustré, mais je t'assure que je ne voulais pas t'embarrasser avec mes préoccupations... Je... je voulais t'épargner tout aléa pouvant te perturber dans ton travail. Tu passais des nuits blanches devant ton ordinateur et au petit matin tu te rendais au bureau pour une longue journée de boulot. -Ce n'est pas mon boulot qui m'empêchera de me pencher sur un cas aussi sérieux que l'avenir de notre couple... La jeune femme sentit ses yeux s'emplir de larmes. Elle tente de les refouler, mais elles coulèrent en deux longs sillons humides sur ses joues. Samir est ému. Il lui entoure les épaules et la serre contre lui : -Allons... Allons, ne pleure pas... Je ne voulais pas te faire de la peine, mais plutôt partager nos peines... Elle renifle et s'essuie les yeux avant de rétorquer : -Je te jure que je ne voulais pas en arriver là... -Je sais... Si je t'en voulais autant, je ne t'aurais pas accompagnée dans ce petit voyage chez ta famille et je n'aurais pas non plus hésité à te rappeler à l'ordre... Elle sourit à travers ses larmes : -Tu ne m'en veux donc pas, Samir ? Il secoue la tête : -Non ma chérie... Je sais que tu as agi pour le bien de notre couple... Mais, dorénavant, je vais veiller à ce que tu ne portes pas seule un tel fardeau sur tes frêles épaules... Je suis le premier concerné par ton bonheur et celui de notre famille... Sentant les larmes remonter à ses yeux, elle ne put que murmurer : -Merci Samir... Merci mon chéri... (À suivre) Y. H.