Résumé : Samir rejoint sa femme. Cette dernière ne voulait pas se départir de son voile. Ne voulant pas la brusquer, le jeune marié tente de la détendre en lui proposant un thé. Mais Mordjana ne bronche pas. Elle avait si peur de sa réaction. Pourtant lorsqu'il réussit enfin à lui retirer le voile, elle est si charmée par sa beauté qu'elle ne cesse de le dévisager. -Alors... Tu as terminé de me dévisager ? Elle sursaute. S'était-elle oubliée devant cet homme qu'elle connaissait à peine ? -Heu... Excuse-moi... Je... je ne voulais pas être désagréable. Il sourit, et le cœur de la jeune fille chavire... Un sourire à damner une sainte, se dit-elle. Instinctivement elle porte la main à sa joue, mais il arrête son geste : -Oublie un peu ça... Veux-tu ? -Heu... J'ai... j'ai une tache de naissance...Je... -Oui... Je le sais... Je vois... -Alors je... -Alors, tu avais peur de ma réaction... Tu craignais que je ne te répudie, Mordjana ? Il secoue sa tête : -Non... Je n'ai pas le droit de faire ça... Je n'ai pas le droit de t'humilier... Nos pères respectifs ont déjà blessé notre susceptibilité... Je n'aimerais pas t'offenser davantage. Mordjana garde le silence. Samir avait-il pitié d'elle ? Etait-ce de la pitié uniquement ? Comme s'il lisait dans son esprit, il poursuit ! -Et crois-moi, ce n'est pas de la pitié... Je m'adresse à toi en tant que mari... Il sourit encore avant de demander : -Et moi comment me trouves-tu ? Ses yeux de couleur noisette semblaient fouiller son regard. Elle baisse les siens avant de murmurer : -Heu... Je te trouve... je te trouve bien beau...Toi, tu n'es pas affublé d'une calamité congénitale. -Nous nous sommes mis d'accord pour oublier cette "calamité" Mordjana, ce soir, nous faisons connaissance... Nous avons toute la vie devant nous pour reparler de ce sujet qui te torture tant. Elle soupire : -Je ne sais quoi te dire... Il prend la tasse de thé déposée sur la table de nuit et la lui tend : -Bois ton thé, il est encore chaud. Il prend l'assiette de gâteaux et l'exhorte à en prendre un : -Mange... Tu dois avoir bien faim. -Pas vraiment... J'ai déjà dîné... -Je devine que tu n'as avalé que quelques cuillerées de couscous... L'angoisse te tordait l'estomac, et tu ne pouvais rien avaler. Mordjana but une gorgée de thé, et mordit dans le gâteau : -Facile à deviner pour un homme comme toi... -Un homme comme moi ? Qu'ai-je donc de spécial ? -Tu es instruit... Et je devine à mon tour que tu es très intelligent. Il sourit et lui étreint le bras : -Mordjana... On m'avait dit que tu avais fait des études toi-aussi... Elle dépose sa tasse et hausse les épaules : -Drôles d'études... J'ai terminé mon cycle primaire, et le moyen. Alors que je décrochais mon brevet et m'apprêtais à m'inscrire dans un lycée, ma mère s'opposera à mes projets... Je suis l'aînée de la famille, donc toute désignée à la remplacer auprès de sa marmaille. Samir la regarde un moment, puis demande : -Tu veux reprendre tes études, Mordjana ? Elle avale un bout de gâteau avant de lui répondre : -Même si c'est le cas, je n'ai plus l'âge d'être scolarisée... Je ne pourrais plus rattraper le temps perdu. -Peut-être pas au lycée, mais tu pourras toujours entamer une formation... Ce n'est pas les centres qui manquent dans notre ville... Elle ouvrit grand ses yeux : -Tu veux dire que je pourrais m'inscrire pour une formation ? Tu... tu parles sérieusement, Samir ? -Je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie... Je veux te voir heureuse, Mordjana... Il soupire avant de poursuivre : -Les circonstances de notre mariage suffisent déjà à nous frustrer, pourquoi s'encombrer d'interdits et de tabous ? (À suivre) Y. H.