Pour la première fois, les ministres de la Défense des 5+5 du pourtour occidental de la Méditerranée (Portugal, Espagne, France, Italie, Malte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) se retrouvent à Paris pour explorer les voies et moyens d'une coopération en matière de défense et de sécurité dans leur espace. De fait, il s'agit de relancer le processus de Barcelone qui vient de boucler une décennie d'existence. L'Europe du Sud doit, en effet, rassurer ses voisins du Sud que l'élargissement de leur union à l'Est ne se fera pas à leur détriment. D'ailleurs, depuis un certain temps, Européens et Maghrébins n'arrêtent pas de se concerter. En septembre, juste après le sommet des 5+5 qui s'est tenu à Tunis, Alger avait accueilli la 3e conférence ministérielle sur les migrations en Méditerranée occidentale. La partie algérienne devait, à cette occasion, remettre les pendules à l'heure en rappelant sa ferme hostilité à l'ouverture de centres d'accueil et de tri sur son propre territoire comme l'envisageaient quelques membres de l'UE pour se débarrasser de leurs immigrés indésirables. L'Italie de Berlusconi a même souhaité voir le Maghreb se transformer en sas de sécurité pour ses voisins du Nord. La Libye est seule à succomber à cette démarche contre une aide financière pour renforcer ses frontières avec l'Afrique noire et la formation de policiers pour cette activité. En novembre, Oran devait devenir une capitale diplomatique le temps d'une rencontre des 10 ministres des Affaires étrangères de la Méditerranée occidentale. Cette rencontre devait traiter trois thèmes, les migrations, l'intégration maghrébine et la sécurité. La polémique sur le Sahara occidental a permis à l'Algérie de réitérer ses positions, réfutant toute idée de médiation avec le Maroc pour la simple raison que le conflit du Sahara occidental oppose Marocains et Sahraouis et que sa solution reste dans l'application des résolutions onusiennes. Alger devait également plaider pour une véritable refondation de l'UMA dont, au-delà des méandres politiciens, le dispositif ne répond pas aux nouvelles exigences et encore moins face à une Europe qui s'intègre à grande vitesse en s'élargissant à l'Est. Alger ambitionne de promouvoir une véritable diplomatie maghrébine et de transformer l'actuel conseil consultatif en parlement maghrébin. La Libye, après avoir refusé de présider l'UMA, s'est finalement rétractée, convaincue à son tour que face à l'UE, les Maghrébins n'ont d'autre issue que de conjuguer leurs efforts et potentialités. Début décembre, Paris devait réunir les parlementaires des 5+5 avec au menu la coopération et toujours en tête des dossiers la question de l'immigration. Alger, victime également de l'immigration clandestine, s'est prononcée pour une approche globale du phénomène à travers, notamment des aides plus consistantes au développement local des viviers de l'immigration. L'idée étant de fixer les migrants potentiels en apportant chez eux le développement. Les présidents de l'Assemblée nationale et du Conseil de la nation ont déclaré que l'Algérie est prête à accueillir une rencontre euro-maghrébine sur les migrations pour crever l'abcès et trouver des solutions acceptables et durables. Pour ce qui est de la rencontre des ministres de la Défense, il s'agit de répertorier les pistes de la coopération euro-méditerranéenne en rapport avec la sécurité et la défense. L'idée même d'une telle rencontre a été envisagée à Alger lors de la visite en juillet dernier de la ministre française de la Défense, Mme Michèle Alliot-Marie. Dans ce domaine précis de la défense, le terrain est du reste assez balisé par l'OTAN qui entend promouvoir avec les riverains du sud de la Méditerranée un partenariat de défense. Il reste que l'Espagne, à en croire El Mundo, déploierait en… Méditerranée une soixantaine de missiles Patriot dont le gouvernement Zapatero a autorisé l'acquisition auprès de Berlin. Le ministre espagnol des AE devait pourtant plaider pour la transformation du processus de Barcelone en un véritable pacte politique entre le nord et le sud de la Méditerranée ! D. B.