"Le journaliste a le droit d'informer et je pense qu'il le fait bien et librement. J'ai fait 40 wilayas et j'ai été interpellé par des journalistes qui sont payés en dessous du seuil du SNMG ! Ils vivent dans des conditions lamentables. Je lance un appel aux éditeurs pour qu'ils améliorent leurs conditions de travail. Beaucoup de journalistes n'ont pas de contrat, encore moins de couverture sociale. Je connais des journalistes qui ont 15 ans de carrière et qui touchent 15 000 DA chez le privé. Nous faisons le nécessaire avec le ministère du Travail pour que les choses rentrent dans l'ordre." C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre de la Communication, Hamid Grine. Invité de la rédaction sur les ondes de la Chaîne III, M. Grine a également interpellé les journalistes à faire preuve de diligence envers leur pays. "Je leur dis simplement d'aimer leur pays et de ne pas confondre le pays avec les gouvernants. C'est un devoir", dira-t-il. À la question relative au paysage médiatique, M. Grine a estimé qu'il est temps "de passer à plus de professionnalisme et de déontologie. Mon regard est contrasté, car nous avons 400 journaux et magazines qui vivent grâce à la publicité de l'Etat. Plus de 80% de la publicité va vers les journaux privés. Or, la liberté d'expression est tellement illimitée chez nous qu'elle est forcément devenue outrageante, diffamatoire et injurieuse. Cela est dû au manque de professionnalisme et de formation". À la question de savoir s'il subit des pressions, le ministre renchérit : "Hormis quelques attaques, je ne subis aucune pression." Abordant les 30 chaînes de télévision non accréditées en Algérie et qui versent dans la violence et la diffamation, le ministre dira que "certaines ont changé de ton. J'ai rencontré des responsables avec lesquels j'ai tracé la ligne de la vertu (...). Quant à la chaîne El-Djazaïria, j'ai simplement rappelé à l'ordre les responsables qui, d'ailleurs, se sont excusés (...). Certaines estiment que l'insulte est une prime à la liberté. Les limites sont définies par la loi. Quant au satirique, il est permis, mais sans porter atteinte à la vie privée, comme le physique des personnes ou encore leurs maladies". À la question si RSF avait vu juste sur le classement de l'Algérie à la 119e place, Grine réplique : "J'aimerais bien savoir où vivent ces analystes. Je les invite à venir en Algérie et à mesurer cette liberté." Le ministre abordera aussi la loi sur la publicité et les agences de communication qui sont à l'étude et sont, selon lui, suivies par l'autorité de régulation qui sera bientôt élue. Du reste, il révélera que l'ouverture des radios n'est pas à l'ordre du jour. M. Grine conclura son intervention par un rappel à l'ordre des chaînes de télévision qui versent dans la prédication islamiste et dira que "les médias ont un rôle à jouer (...) Toute la société est interpellée, pas seulement l'école. Car, il faut une éducation civique d'un islam de paix avant de condamner les attaques des Occidentaux". Signalons, enfin, que M. Grine a annoncé la prochaine élection d'un Conseil d'éthique et de déontologie qui sera composé de 14 journalistes, mais aussi de l'Autorité de régulation de la presse écrite qui, elle, sera constituée de 14 membres : 7 désignés par l'autorité et 7 élus par leurs pairs. F. B.