Après les membres du gouvernement qui ont été instruits par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de déclarer leur patrimoine, c'est au tour des cadres supérieurs de l'Etat et des élus locaux d'être sommés d'en faire de même. Et, c'est l'Office national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC), une institution placée sous l'autorité du président de la République, qui s'est chargé de les mettre en demeure. Indépendamment de la base légale qui permet au Premier ministre d'ordonner à ses ministres de se conformer à cette obligation, cela relève plutôt des prérogatives de la Cour suprême, ou à l'ONPLC, censé demander les déclarations de patrimoine plutôt qu'aux institutions pour lesquels travaillent les fonctionnaires et élus concernés par la déclaration de patrimoine, c'est le timing choisi par le Premier ministre et l'ONLPC qui pousse l'observateur à poser la question de savoir pourquoi maintenant. Au moment même où une série de procès liés aux affaires de corruption, autoroute Est-Ouest, Khalifa Bank et bientôt Sonatrach I, les politiques comme les institutions découvrent les vertus de la déclaration de patrimoine. Joint par téléphone, Abdelaziz Rahabi, ancien diplomate et ancien ministre de la Communication, qui a eu à travailler sous Liamine Zeroual et aussi sous Bouteflika, a indiqué que "depuis le gouvernement de Smaïl Hamdani, personne parmi les ministres des gouvernements qui se sont succédé durant le règne d'Abdelaziz Bouteflika ne l'a fait". Pour lui, demander aujourd'hui aux ministres, aux cadres supérieurs et aux élus de déclarer leur patrimoine et le faire coïncider avec des procès de corruption épargnant les décideurs politiques obéit à une même logique. "Cela relève d'une opération marketing politique de fin de règne dont l'objectif est de dépouiller du caractère politique la corruption généralisée à tous les niveaux de responsabilité et qui a gangrené y compris les secteurs stratégiques épargnés jusque-là par le phénomène comme les hydrocarbures et les contrats d'armement", a-t-il déclaré. L'ancien ministre de la Communication a estimé que le peuple algérien ne trouve pas "des modèles d'intégrité", et ce déficit d'"exemplarité" participe au développement de la gangrène, ternissant davantage l'image du pays. "Les déballages et les noms de politiques balancés tous les jours n'arrangent pas les choses, cela ne donne que des exemples de corrompus", a-t-il souligné. Abdelaziz Rahabi a expliqué que "l'impunité et l'immunité sont les véritables mamelles de la corruption qui ne peut être possible sans couverture politique". Et d'asséner : "Abdelaziz Bouteflika qui garantit l'immunité et l'impunité à ses ministres est le véritable parrain de la corruption en Algérie." L. H.