45 agents de sécurité n'ont pu anticiper l'acte de vandalisme perpétré contre l'œuvre de l'architecte sculpteur français Emile Jean Joseph Gaudissard. Le Jardin d'essai d'El-Hamma est pareil à une bande verte qui forme une passerelle entre le Musée national des beaux-arts d'Alger sis au piedmont de l'"aïn" (fontaine) Echarchar d'El-Hamma et l'horizon bleu qui borde la rue Hassiba-Ben-Bouali (ex-Sadi-Carnot). C'est tout au moins l'image plutôt trompeuse qu'offre cette bulle verte d'Alger à travers les grilles de son portail d'entrée situé près de la bouche de métro sur l'avenue Mohamed-Belouizdad (ex-Lyon). Et pour cause, tout n'est pas aussi... rose que le prétendent les dépliants ! Pour s'en convaincre, il est préférable de faire d'abord le tour de la promenade du jardin anglais, où s'érigeait jadis l'enfilade de statues de belles Naïliyates dans toute leur splendeur. Aujourd'hui qu'elles sont mutilées l'une après l'autre, "le joueur de pipeau" a perdu son instrument de musique, car fracassé ! Et comme si cela ne suffisait pas au malheur de cette sculpture en pierre, le Musicien à la petite flûte champêtre à bec est également estropié de ses pieds et de ses mains. Authentique ! Du reste, le duo de splendides dames Naïliyates ne peut plus prier, puisqu'elles sont amputées de leurs mains qu'elles levaient autrefois vers le ciel. Outre cela, les adeptes de l'occulte secte, unie contre l'esthétique et la culture du beau, ont endommagé "la Femme maure" de ses bras. C'est triste ! Renseignement pris, le charivari bon enfant a déjoué la vigilance de l'escouade d'agents de sécurité, a-t-on appris (sic). Est-ce à dire que c'est un jeu d'enfant que d'abîmer dans le mode du "ni vu ni connu" les belles Naïliyates, au nez et à la barbe de l'escadron d'agents de sécurité ? Apparemment oui ! Du fait que nul parmi le peloton fort de 45 agents de sécurité n'a pu anticiper l'acte de vandalisme perpétré toute honte bue contre l'œuvre de l'architecte sculpteur français Emile Jean Joseph Gaudissard. Autre couac, "pour l'entretien des statues, ç'aurait été mieux d'avoir recours au talent d'élèves restaurateurs d'œuvres d'art du Musée national des beaux-arts d'Alger, seuls aptes à préserver ce fleuron qui faisait la notoriété de notre patrimoine floral", a déclaré Benmahrez Belkacem, secrétaire général de la section syndicale du jardin d'essai, suspendu de ses fonctions. Contacté, Bouraïne Mustapha, le DG du jardin d'essai, s'est plutôt focalisé sur le déficit qu'accuse ce poumon vert d'Alger en matière d'entretien et sur sa superficie de 32 ha qu'il est malaisé de surveiller (sic) : "Le jardin d'essai n'est pas entretenu comme il se doit d'être..." S'interdisant de jeter une pierre dans le jardin de son prédécesseur, notre interlocuteur met à l'index le personnel paysagiste de l'école d'horticulture, créée pourtant en 1918, à qui il attribue la déficience de l'embellissement du jardin d'essai. Tout bien considéré, le jardin scientifique et d'acclimatation pour végétaux exotiques se flétrit en certains endroits, où il ne faut pas être grand "clerc" ni jardinier pour repérer les bouquets d'oxalis qui altèrent le gazon du jardin français, qu'enjolive l'allée de washingtonias. Donc, de l'allée des platanes à la voie des dragonniers en faisant une halte sur le sentier des ficus, le constat est d'autant préoccupant. Notamment sur l'allée des bambous et celle des palmiers où le clapotis de l'eau peine à ruisseler dans le petit lac aux eaux chargées. Donc, le mieux est que ces points d'eau soient dragués des débris qui marinent à la surface, dus surtout à l'incivisme d'"anti-écolos". Ce n'est qu'à la faveur de l'élagage d'herbes folles que s'épanouira la Baigneuse. "D'où l'urgence de remettre en marche la station de compostage pour le ramassage du feuillage", a tenu à préciser le délégué syndical. Dommage, sommes-nous tentés de dire, pour l'état en déliquescence de ce fleuron créé en 1832 ! Pour ce qui est du jardin zoologique, M. Bouraïne déplore également l'âge avancé de la faune, qu'il tarde aux pouvoirs publics de reproduire, au grand bonheur des enfants. Néanmoins, nous quittons avec regret ce lieu où fut creusé un bassin ombragé et bordé d'arbres et de lianes, qui retentit encore du cri de Tarzan. Pour l'histoire, c'est en ce lieu-ci, au jardin anglais, que fut donné le premier clap au film de Tarzan qu'incarna Johnny Weissmuller en 1932. Mais ça ! C'était avant ! L.N.