Ronaldinho, sacré joueur mondial de l'année 2004 par la Fédération internationale de football (FIFA), lundi à Zurich, est l'un des rares héritiers des magiciens qui ont apporté ses trois premiers titres mondiaux au Brésil en 1958, 1962 et 1970. Sous le charme de leur soliste brésilien, les supporters du FC Barcelone l'ont même surnommé “O rei”, en référence au “roi Pelé”. La comparaison peut paraître excessive, mais le souverain incontesté de la planète football l'avait lui-même adoubé en déclarant après le Mondial-2002 que Ronaldinho avait été "le joueur le plus impressionnant" de la compétition. Ses gestes de classe contre l'Angleterre (slalom et passe décisive pour Rivaldo, puis coup franc des 35 m lobant le gardien David Seaman), en quart de finale, avaient illuminé une épreuve d'un niveau décevant. Ils avaient surtout permis à la Seleçao de remporter un cinquième titre mondial, l'une des seules lignes au palmarès étrangement vide du petit génie de Porto Alegre. Intermittent du spectacle à Paris Jusque-là, Ronaldinho n'avait remporté qu'une Copa America en 1999. Son but époustouflant contre le Venezuela — lob, aile de pigeon, frappe croisée — avait alors révélé son immense talent au monde entier. Son parcours en club a été plus chaotique. Il a d'abord fallu une longue bataille judiciaire entre son premier club, le Gremio Porto Alegre, et la formation française du Paris-SG, pour que “Ronnie”, comme l'ont surnommé les supporters parisiens, arrive en Europe à l'été 2001. Sur le plan sportif, son séjour en France laisse un goût d'inachevé. Le joueur a régulièrement été en conflit avec son entraîneur, Luis Fernandez, qui lui reprochait notamment son goût pour les sorties nocturnes et les compagnies galantes. Sur le terrain, le Brésilien a joué les intermittents du spectacle, donnant l'impression de choisir ses matches (55 au total en championnat de France, 17 buts). Il a notamment été éblouissant lors des chocs contre Marseille et a inscrit quelques buts splendides, comme celui contre Guingamp, le 22 février 2003, élu plus beau but de la saison. Vedette internationale à Barcelone “Le football français m'a permis de mûrir”, déclarait Ronaldinho à France Football en septembre 2003, deux mois après son transfert au Barça. “C'est là-bas que j'ai grandi et évolué. J'y ai grandi comme homme et comme footballeur.” C'est néanmoins à Barcelone, où il atterrit pour une somme d'environ 30 millions d'euros en juillet 2003, après deux mois d'un nouveau bras de fer entre Manchester United et le club catalan, qu'il acquiert une véritable dimension internationale. Après six premiers mois en demi-teinte, son retour en forme avait déjà permis à son équipe de réaliser la plus incroyable remontée de l'histoire du championnat d'Espagne (18 points repris au Real Madrid entre la 18e et la 38e journée) pour échouer à la seconde place du classement final derrière Valence. Cette saison, sa confiance et le jeu enlevé de l'équipe dirigée par le Néerlandais Franck Rijkaard lui permettent de s'exprimer pleinement sur le terrain, à l'image de son récital contre le Milan AC (2-1) début novembre en Ligue des champions. Son but, précédé d'un double contact dont il a le secret, a une nouvelle fois prouvé que si le Barça est bien plus qu'un club, Ronaldinho est bien plus qu'un joueur.