Le patron d'Alliance Assurances, Hassen Khelifati, a plaidé, hier devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée populaire nationale (APN), pour une libéralisation poussée du secteur des assurances. Un secteur peu développé mais à fort potentiel, selon Khelifati qui a suggéré une réforme basée sur la bourse comme levier afin de l'élargir et profiter de son potentiel. Khelifati a souligné de grandes lignes de réforme, "l'autonomie du régulateur par rapport au Trésor public et au ministère des Finances (propriétaire des assureurs publics) qui se trouvent être juge et partie; les conditions d'accès au réseau de distribution, le développement d'autres canaux de distribution (notaires, agences de voyages, agences immobilières, concessionnaires etc.) ; la dotation du réassureur national, CCR, de la garantie d'Etat pour faire face au cumul des risques découlant de l'obligation de cession de 50% de tous les risques en Algérie ; la révision des engagements réglementés (provisions ayant pour objet de renforcer la solvabilité des compagnies d'assurances) de manière à libérer l'investisseur institutionnel et consolider son rôle dans l'économie des assurances". Ces réformes partent d'un constat qu'il a illustré par des chiffres, indiquant d'une faible pénétration des assurances en dépit d'une évolution démographique et une croissance économique relativement soutenues. Le patron d'Alliance Assurances a précisé que "le chiffre d'affaires du secteur des assurances en 2012 qui était de 1,25 milliard USD, ne représente que 0,7% du PIB au moment où il était de 9% en Europe, 3% dans les pays émergents, 3,2% au Maroc et 2,6% en Tunisie". Et d'ajouter : "En Algérie, le montant des primes d'assurances par habitant est de 34 USD contre une moyenne mondiale de 656 USD." "Encore, a-t-il révélé, la densité du réseau de distribution reste tout autant faible ne dépassant pas un point de vente pour 28 000 habitants contre une moyenne mondiale de 1 point de vente pour 5 000." Estimant que "la réforme effectuée en 2011 exigeant la séparation des activités assurance dommages et assurance vie n'a pas eu l'effet de diversification escompté", Hassen Khelifati, a regretté que "la part revenant au marché vie qui, en incluant la prévoyance, représente 70% en France, 21% au Maroc, 15% en Tunisie, n'excède toujours pas les 7 à 8% en Algérie". Il a expliqué, dans ce contexte, que le moteur principal pour la relance de ce marché reste la mise en place d'un marché financier dynamique. "Le marché financier constitue le socle du développement des assurances de personnes", a-t-il déclaré. "Il est nécessaire, a-t-il, suggéré, d'inciter à l'ouverture des capitaux des sociétés publiques et privées au grand public afin de d'augmenter l'offre des titres, diversifier les produits offerts aux investisseurs et développer l'actionnariat populaire." Et de conclure, en invitant les pouvoirs publics à prendre une décision volontariste afin de régler le problème de l'animation de la bourse et de la liquidité des titres : "Ordonner aux institutions financières opérant en Algérie à consacrer au moins 3% de leur chiffre d'affaires annuels à l'intervention sur le marché boursier, faute de quoi cette somme sera versée comme une taxe à une institution à créer par l'Etat de type Sicav (Société d'investissement à capital variable) ou OPCVM (Organisme de placements collectifs de valeurs mobilières) qui jouerait le rôle d'animateur du marché secondaire en attendant que la dynamique se crée." L. H.