Alliance Assurances résiste bien dans un environnement conjoncturel difficile, dû essentiellement à la forte sinistralité, au durcissement de la réglementation avec l'obligation de filialisation des assurances de personnes. La première société cotée en Bourse pourrait clôturer l'année 2012, en attendant l'arrêt des comptes, avec un chiffre d'affaires d'environ 4 milliards de dinars. C'est ce qu'a indiqué, hier, le P-DG de la compagnie, Hassen Khelifati, invité hier du Forum du journal El Wassat. Les résultats d'Alliance Assurances paraissent avoir bénéficié de “la politique de rééquilibrage du portefeuille pour privilégier de meilleurs risques", même s'ils sont affectés par l'attribution du portefeuille des assurances de personnes suite au changement de réglementation exigeant la filialisation de cette branche à compter du 1er juillet 2011. Alliances Assurances a également investi, dans la proximité, avec ses clients, en procédant à l'ouverture de 52 agences sur le territoire national. Ainsi, la compagnie d'assurances privée compte un réseau bien étoffé de 156 agences au niveau de 43 wilayas. Pour 2013, Alliance Assurances projette une croissance de 15% du chiffre d'affaires, pour atteindre 4,3 milliards de dinars. Elle compte ouvrir aussi une cinquantaine d'agences et créer 150 nouveaux emplois directs. Ces résultats sont liés également à la décision de la compagnie de renforcer ses fondamentaux en provisionnant davantage les dossiers sinistres afin de rester la compagnie qui indemnise le mieux ses clients. “Alliance assurances a enregistré environ 40 000 dossiers sinistres, toutes branches confondues, en 2012", a relevé M. Hassen Khelifati. La compagnie a régularisé 68 000 dossiers sinistres, dont 280 000 représentent des stocks des années précédentes. Hassen Khelifati parle de 25 000 dossiers sinistres en suspens, “dont 20 000 sont des dossiers intercompagnies". Le patron d'Alliance Assurances a rappelé l'accord professionnel limitatif des taux de ristournes accordés aux clients signé en juin 2012 et validé par le ministère des Finances. Cet accord limite les réductions à 50% pour les entreprises et à 30% pour les particuliers. Les compagnies semblent respecter leurs engagements, à l'exception de quelques transgressions “minimes" qui n'entament en rien la volonté des assureurs d'assainir le marché. Hassen Khelifati, qui s'est montré satisfait de l'application de cet accord sur le terrain, a indiqué qu'un comité de veille a été installé dans ce sens. Le patron d'Alliance Assurances estime que le développement du secteur des assurances nécessite d'autres réformes, pas seulement sur les tarifs, qui relèvent parfois des acteurs du marché. Ces acteurs, selon lui, commencent à se poser les vraies questions et à travailler ensemble. Hassen Khelifati indique que le chiffre d'affaires du secteur annoncé des assurances, estimé à 97 milliards de dinars, soit environ 1,3 milliard de dollars, “représente environ le chiffre d'affaires en automobile du Maroc". Interrogé sur son expérience boursière, M. Khelifati souligne la nécessité d'une décision politique pour encourager les banques, notamment publiques, à s'engager dans la dynamisation du marché secondaire. Aujourd'hui, regrette-t-il, “la demande ne rencontre pas l'offre sur le marché secondaire. On ne peut apprécier la valeur d'un titre". Le patron d'Alliance Assurances estime que la proposition de réforme du marché financier, faite par les experts du Pnud en collaboration avec le ministère des Finances, est intéressante mais reste insuffisante. Le titre d'Alliance Assurances en Bourse stagne à son niveau d'entrée. Concernant l'assurance de personnes, Alliance Assurances semble changer de fusil d'épaule. Après s'être engagée dans des projets de création d'une filiale assurances de personnes, qui n'ont pas abouti, Alliance Assurances se dirige plutôt vers la signature de contrats de partenariat avec des compagnies spécialisées déjà existantes pour la distribution de produits d'AP à travers leurs réseaux directs, d'autant que la tutelle vient d'autoriser ce type d'opération. Alliance Assurances mène actuellement des discussions avec les compagnies d'assurances de personnes pour la commercialisation de ses produits. Sur le litige avec Tahkout, le P-DG d'Alliance a d'abord indiqué que sur le volet judicaire, il ne peut se prononcer. “C'est une affaire pendante devant la justice. Nous restons sereins et nous faisons confiance en la justice algérienne", s'est-il contenté de dire. M. R.