Pour le parti du Front des forces socialistes, “une réconciliation, au lieu d'obéir à une stratégie expéditive en imposant le référendum, doit se faire entre l'Etat et le peuple à travers la garantie de toutes les libertés”. Face à ce qu'il qualifie de “persécution” dont sont victimes les journalistes, les syndicalistes, les étudiants et toutes les catégories sociales, conjuguée à la “gouvernance stalinienne” adoptée par le régime, le front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed lance un appel à tous les acteurs sociaux et politiques autonomes à “se concerter et à engager des actions concrètes” pour, dit-il, la sauvegarde des libertés dans notre pays. Dans la déclaration politique adoptée à l'issue du conseil national du parti tenu jeudi dernier à Alger, le FFS a également appelé l'ensemble des Algériens et des Algériennes à se mobiliser “pacifiquement” pour faire “barrage au bradage du patrimoine national” et “s'organiser pour arracher leur droit d'expression et d'organisation et à se solidariser avec toutes les victimes des violations des droits de l'homme”. Sans déroger à la tradition, le parti de Hocine Aït Ahmed dresse un constat des plus pessimistes de la situation du pays. Une situation qui, face aux enjeux géostratégiques et aux transformations politiques et économiques qui s'opèrent à travers le monde, risque de placer le pays dans une position de “victime de l'histoire”. “Notre pays traverse l'une des phases les plus décisives de son histoire. En face d'enjeux géostratégiques importants et devant toutes les transformations économiques et politiques qui se déroulent sur la scène internationale, notre pays risque de devenir une victime de l'histoire pendant que la population en subit les conséquences néfastes”, note le FFS qui ajoute : “L'absence d'une volonté réelle de laisser s'épanouir la libre expression et les conditions de vie insoutenables pour de larges pans de la société constituent autant de facteurs explosifs qui pèsent dangereusement sur la cohésion sociale.” Réduit, à ses yeux, à une organisation policière de répression et de contrôle de la population, l'Etat se caractérise, depuis quelques années, par un type nouveau de gestion des affaires publiques. “Une gouvernance stalinienne consistant à proclamer des slogans et des principes démocratiques et à pratiquer le contraire dans les faits quotidiens”, soutient le FFS. L'avenir des Algériens qui se “joue dans les coulisses des contrats politiques et des arrangements financiers occultes”, l'acharnement des décideurs et leur relais “à ne laisser aucun espace au public” aussi bien dans la sphère économique que dans le domaine des libertés, le maintien de l'état d'urgence “qui aura servi à privatiser l'Etat et à éradiquer le public et la politique”, le “détournement” du suffrage universel, la manipulation de l'histoire et la réduction des institutions à de simples appareils où “se côtoient les charlatans, les prédateurs et les mafieux de tous bord”, sont autant de “dérives que de manipulations que seuls le cercle présidentiel, l'ENTV, la direction de l'UGTA et les associations satellites continuent à professer et à qualifier de démarche de développement et de réconciliation nationale”, écrit encore le FFS. Une réconciliation au lieu d'obéir à une stratégie expéditive en imposant le référendum, poursuit-il, doit se faire entre l'Etat et le peuple à travers la garantie de toutes les libertés. Sur le plan économique, le parti d'Aït Ahmed relève que l'absence d'une stratégie économique cohérente, la nature mafieuse et opaque du régime, l'inopérabilité des institutions mises en place, l'insécurité qui demeure à un niveau élevé et l'indigence des intellectuels, des responsables sont autant d'éléments qui pèseront sur l'avenir économique de la nation, particulièrement sur les clauses et les conditions d'adhésion à l'OMC. Dans ce contexte, le FFS dénonce les privatisations envisagées par l'exécutif et appelle les travailleurs à la mobilisation. Enfin, il a réitéré que seule une assemblée constituante est à même de constituer une alternative démocratique au pays. À noter que le parti a procédé à l'installation de 11 commissions permanentes. K. K.