«Pourquoi démissionnerais-je? C'est accepter, c'est dire que je suis fautif de tout ce qui arrive» affirmait Sepp Blatter le lendemain de sa réélection, survenue vendredi dernier. Quatre jours plus tard, il surprend tout le monde, même ses proches collaborateurs, en annonçant son retrait de la présidence de la FIFA. Le Suisse quitte ainsi l'instance mondiale en plein scandale de corruption ,visant plusieurs membres du comité exécutif. Démissionnaire, Sepp Blatter restera pourtant président de la Fifa au moins jusqu'en octobre prochain. Les statuts de l'instance mondiale prévoient un délai minimum de quatre mois. Le président de la commission d'audit et de conformité de la Fifa, Domenico Scala, a précisé, ce mardi, qu'une nouvelle élection devrait avoir lieu entre décembre 2015 et mars 2016, Qui remplacera le Suisse? Evidement le premier candidat est « automatiquement » le prince Ali Ben Hussein, battu vendredi dernier à Zurich. D'ailleurs, il l'a annoncé dès ce mardi soir. Cependant, cette fois-ci, il va devoir y aller sans compter sur un appui européen. Le vieux Continent va probablement mettre son pion et il est question du français Michel Platini. L'actuel patron de l'UEFA a été l'un des plus farouches adversaires à la réélection de Sepp Blatter et il avait soutenu ouvertement le Jordanien. L'ancienne gloire du football des années 80 avait expliqué sa non-candidature contre le Suisse par une phrase lâchée jeudi dernier « si un jour, il n'y a plus Monsieur Blatter, on décidera ». Les données ayant changé, il reste l'officialisation de sa candidature. Une question de timing ? Sans aucun doute, mais également de formalités. Michel Platini a été réélu à la tête de l'UEFA en mars dernier pour un mandat de 4 ans. Pour aspirer à succéder à Blatter il devra démission de son poste de président de l'instance footballistique européenne. Ce mardi soir, le français se contentait de saluer le Suisse. «C'est une décision courageuse et c'est la bonne décision» a-t-il réagi. Il lui restera également à essayer de surfer sur les 133 présidents de fédérations qui ont voté pour Blatter vendredi passé. Toutefois, les enjeux dépassent amplement la quête d'un poste. La géopolitique est bien présente. Toute la cacophonie qui vient de secouer la Fifa a été déclenchée, depuis mercredi dernier, par les américains . Presse et justice US ont simultanément activé l'attaque contre l'organisation, avec l'appui de plusieurs fédérations et institutions footballistiques européennes, et le tout orchestré par le FBI. Est-ce un hasard, si le prince jordanien a donné, ce mardi, la primeur de sa candidature à...CNN. Cette mainmise américaine sur le dossier de la Fifa est mal perçue par certains pays. En premier lieu, Moscou. En ligne de mire, il y a la remise en cause de l'organisation du prochain mondial en Russie, prévu en 2018. Poutine est monté au créneau pour dénoncer les agissements des américains en dehors de leurs territoire. La Russie n'est pas le seul pays menacé. L'Afrique du Sud et le Brésil, deux organisateurs des deux dernières coupes du monde, sont également impliqués dans l'enquête de corruption. A y voir de plus près, il y aurait deux groupes qui s'affrontent. Les Etats-Unis et l'Europe d'un côté, et la Russie (aux côtés de deux autres membres du Brics) de l'autre. De quoi oser sauter le pas et comparer la Fifa à la guerre qui se déroule actuellement en Ukraîne. En plus de la politique, le football est également une autre façon de faire la guerre. C'est surtout affirmer que la fin de la période Blatter est annonciatrice du début des grandes manœuvres. Salim KOUDIL @SalimKoudil