La démission de Joseph Sepp Blatter de la tête de la FIFA n'en finit pas de susciter remous et surtout interrogations, d'autant plus que celle-ci intervient quatre jours seulement après la réélection controversée pour un cinquième mandat du Suisse. Une réélection sur fond de scandale, après l'arrestation et l'inculpation pour «corruption» de neuf membres de l'instances footballistique internationale et cinq partenaires, la veille du congrès de la FIFA à Zurich, suivies de perquisition au siège même de la FIFA enclenchée par la justice suisse, dans une autre procédure pénale pour «blanchiment d'argent». Des scandales à la pelle et des accusations de toutes parts, qui n'ont pas pour autant ébranlé l'homme de 79 ans, qui a réussi à maintenir les élections dont il a été le vainqueur, alors que beaucoup réclamaient sa tête, à l'image de Michel Platini, le président de la puissante UEFA, qui est allé jusqu'à demander à Blatter de démissionner. Inébranlable. Que s'est-il passé en l'espace de quatre jours pour que le plus puissant homme de la planète football, après avoir résisté à toutes les tempêtes, céde (enfin !) de la sorte ? Dans les sphères du football mondial et des médias lourds, notamment européens et américains, on affirme que si Blatter a démissionné c'est essentiellement pour deux raisons : d'abord l'implication présumée de son bras droit, le Français Jérôme Valcke, dans le transfert de 10 millions de dollars de la Fédération sud-africaine au profit des Fédérations des Caraïbes, révélé par les médias américains, mais surtout les informations faisant état d'une procédure du bureau fédéral d'investigation américain (le FBI), visant le président de la FIFA. Selon les informations révélées par le New York Times et la chaîne ABC News, quelques heures seulement après l'annonce de sa démission, le FBI et la justice américaine resserrent l'étau autour du Suisse, notamment suite aux auditions des neuf dirigeants de la FIFA inculpés mercredi dernier (27 mai) par la justice américaine, qui auraient visiblement impliqué Blatter et coopèreraient désormais en perspective de cette procédure du FBI, qui n'a pas été confirmée, ni infirmée du reste par les autorités judiciaires américaines, alors que le procureur général américain, Loretta Lynch, qui a déclenché toute la procédure à l'encontre de la FIFA et ses membres, s'est contentée de déclarer : «L'enquête se poursuit», pour commenter les soupçons qui pèsent sur Blatter. Lobbying autour de la candidature de Platini Blatter est démissionnaire de son poste à la tête de l'instance suprême du football, mais toujours en poste jusqu'à la tenue d'un congrès extraordinaire (entre décembre 2015 et mars 2016) pour désigner un nouveau président. Sa succession est désormais ouverte et les anti-Blatter sont déjà en campagne pour reprendre les rênes de la FIFA. Dans ce registre, on notera que les Européens sont déjà en campagne et font du lobbying pour l'intronisation de Michel Platini, patron de la puissante UEFA et chef de file de la fronde menée contre l'actuel président démissionnaire de la FIFA. Si pour l'heure le Français, ancienne star de l'équipe de France des années 1980, ne s'est pas exprimé sur la question, se contentant de saluer la décision de Blatter de quitter son poste, plusieurs chefs de file de fédérations européennes, notamment anglaise et allemande, et néanmoins opposants déclarés à Blatter, font le forcing pour tracer la voie à la candidature de Michel Platini, et lui assurer l'unanimité, pour garder la FIFA sous la coupe de l'Europe, et faire ainsi barrage aux convoitises des autres confédérations et de leurs candidats éventuels, notamment celles du Jordanien, le prince Ali Ben Al Hussein, malheureux candidat de la dernière élection de la FIFA, et qui n'a pas caché ses intentions de briguer ce poste tant convoité de boss du football mondial.