L'élection de Joseph Blatter à la tête de la FIFA pour un cinquième mandat de quatre ans continue de susciter réactions et commentaires alors que la justice américaine a évoqué de probables nouvelles inculpations dans le cadre du scandale de corruption qui a déjà fait tomber sept hauts dirigeants de l'instance internationale de football. Comme attendu, l'hostilité contre le patron de la FIFA n'a pas cessé et l'ancien Ballon d'or, Luis Figo, lui-même candidat à la succession du Suisse mais s'était retiré avant le congrès électif, a estimé qu'avec cette réélection, «le football a perdu», attaquant Blatter sur le terrain de la compétence. « Soit M. Blatter était au courant des actes de corruption, soit, s'il ne l'était pas comme il le prétend, cela signifie qu'il n'a pas les compétences pour diriger la FIFA», a-t-il réagi dans un message posté sur sa page facebook. Le président de l'UEFA, Michel Platini, qui avait appelé à la démission de Sepp Blatter, s'est dit, parlant au nom de l'instance européenne de football, «déçu par le résultat de cette élection». Au sein de l'UEFA, certaines voix militent pour que l'Union quitte la FIFA afin de protester contre les scandales à répétition qui touchent la Fédération internationale. Pas de réponse immédiate de Platini qui donne rendez-vous pour la finale de la Ligue des champions, le 6 juin à Berlin, où « il y aura des discussions entre nous et nous verrons ce qu'il convient de faire». Le président de la Fédération américaine de football, Sunil Gulati, a promis, quant à lui, de «tout faire pour qu'il y ait des changements significatifs au sein de la FIFA». Quant à Samir Mansour, membre de la Fédération jordanienne de football, dont le Prince Ali, le challenger de Blatter, est le président, il a regretté le choix des pays arabes et asiatiques qui ont voté pour le Suisse. Rappelons qu'à l'issue du premier tour, le prince Ali a récolté 73 voix contre 133 pour son adversaire lui faisant rater de peu la majorité qualifiée des deux tiers. Le Jordanien est alors monté à la tribune pour annoncer son retrait, entérinant de fait la réélection de Blatter. Pourtant, malgré les insinuations de Blatter sur la véritable raison des attaques américaines contre son instance, de nouvelles inculpations dans le cadre du Fifagate sont probables, a confié ce vendredi, au New York Times, Richard Weber, le patron du service des enquêtes du fisc américain. «Nous croyons vraiment qu'il y a d'autres personnes et d'autres sociétés impliquées dans des actes criminels», a-t-il indiqué sans pour autant préciser l'identité des personnes ciblées par son service. Revenant sur les déclarations de Blatter, M. Weber a balayé la thèse développée par le président de la FIFA qui veut que la première vague d'inculpations de hauts dirigeants de la Fédération était destinée à empêcher la réélection de Blatter estimant «qu'il n'y a jamais eu une décision de s'en prendre au football, on s'attaque à la corruption». Selon lui, l'enquête au départ sur les déclarations fiscales de Chuck Blazer, ancien secrétaire général de la Concacaf, a amené le fisc à s'intéresser sur la corruption au sein de la FIFA, en coopération avec le FBI. 14 élus de la Fédération internationale de football, actuels et anciens, ainsi que cinq partenaires commerciaux de l'instance ont été inculpés mercredi dernier pour corruption, racket et blanchiment sur une période de 25 ans et des sommes d'un montant global de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétro-commissions en échange de droits TV et marketing pour des tournois internationaux. Du côté de Sepp Blatter au lendemain de sa réélection, il s'est dit «affecté par les attaques» et appelle toutefois à «l'unité et la solidarité» pour «aller de l'avant». Quant à ces attaques, il a dénoncé la «haine» de l'UEFA dont il fait objet sans pour autant exclure la continuité du travail entre les deux instances footbalistiques. «Nous ne pouvons pas vivre sans l'UEFA et l'UEFA ne peut vivre sans nous», expliquera-t-il. Pourtant, après cette passe d'armes entre l'UEFA et la FIFA, le ton s'est voulu plus consensuel au cours d'une conférence de presse tenue juste après le comité exécutif qui a entériné le nombre de pays qualifiés aux deux prochains mondiaux à 32 équipes avec le même quota par continent.