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Dialogue interlibyen : la rencontre de la dernière chance Les protagonistes sommés à Alger de faire des concessions pour aboutir à un gouvernement d'union nationale
Faute d'un compromis entre les leaders, les chefs de parti et les activistes libyens, la Libye, livrée au chaos depuis la chute de Kadhafi, confrontée à une crise économique aiguë et à la menace terroriste, risque la partition. Les travaux de la 3e réunion du dialogue interlibyen regroupant des personnalités libyennes de différents bords ont été ouverts hier, à l'hôtel El-Aurassi, à Alger, par l'envoyé spécial des Nations unies, Bernardino León, et le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Selon un listing fourni par le MAE, ils étaient au nombre de trente-cinq à répondre à l'invitation adressée par l'ONU et l'Algérie. Certaines de ces personnalités sont présentes pour la première fois à ce rendez-vous, tandis que d'autres, qui ont participé à la première rencontre à Djenane El-Mithak, à l'image d'Abdelhakim Belhadj, sont absentes. Une bonne ambiance régnait entre les participants libyens peu avant le début de la cérémonie faite par l'émissaire onusien, Bernardino León. Dans son allocution d'une vingtaine de minutes, il a insisté sur l'importance de la réunion et sur la nécessité de rapprocher les positions des uns et des autres en perspective de la mise en place d'un processus pouvant ramener la paix dans ce pays livré au chaos depuis la chute de Kadhafi. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye a qualifié ce troisième round du dialogue interlibyen de "crucial", appelant à l'aboutissement à un projet d'accord acceptable par toutes les parties en conflit. Il a estimé que la réunion d'Alger constituait "la dernière chance" pour la Libye afin d'instaurer un gouvernement d'union nationale à même de recouvrer la paix et de lutter efficacement contre le terrorisme qui gagne du terrain dans ce pays maghrébin. "Les Libyens veulent conclure cet accord qui doit refléter leurs aspirations", a-t-il soutenu. Déjà avant son arrivée à Alger, il a déclaré la veille, lors d'un forum mondial américano-islamique à Doha, au Qatar, que "75% des responsables politiques libyens étaient favorables à la paix" et que la majorité des groupes "soutiennent maintenant une solution politique". Pour sa part, le ministre chargé des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, tout en souhaitant "la bienvenue aux frères libyens", a salué "leurs efforts et leur volonté politique pour aboutir à une solution", qui ramènera la paix en Libye. Outre les questions liées à la formation d'un gouvernement d'union nationale, les participants auront également, durant ces deux jours, à se pencher sur l'examen des arrangements sécuritaires, ainsi que sur les derniers développements de la situation en Libye, a souligné Abdelkader Messahel. La participation à cette réunion "sera plus conséquente dans la mesure où de nouvelles personnalités libyennes influentes sur le terrain se joindront à ce nouveau round", a également précisé Abdelkader Messahel dans sa courte intervention. Il a saisi cette nouvelle opportunité pour renouveler l'engagement de l'Algérie à apporter "son aide au règlement de la crise libyenne et éviter à ce pays les dangers de la partition". Entre optimisme et inquiétude Selon lui, "la réponse positive des personnalités libyennes aux appels de dialogue confirment leur volonté à sortir leur pays de la crise, qui le secoue". "Nous n'avons aucun doute, poursuit-il, que les frères libyens seront à la hauteur des aspirations de leur peuple pour faire la paix, et que seul le règlement politique, et rien d'autre, garantira à la Libye son unité et une sortie de crise définitive". Il a, toutefois, indiqué que les informations en provenance de la Banque mondiale et du FMI concernant la situation économique de la Libye sont très "inquiétantes", non sans relever la détérioration de la situation sécuritaire jugée "catastrophique", et qui constitue, selon lui, un danger pas uniquement pour la Libye, mais pour l'Algérie et toute la région. D'après lui, la menace terroriste réunifiera les rangs des Libyens, lesquels sont appelés à mettre la Libye "au dessus de toute considération". Il n'a pas manqué de rappeler enfin aux Libyens que "l'Algérie les accompagnera toujours dans leurs efforts pour sauver leur pays". De son côté, Abu Edjeila Seif an Nasr, parlant au nom des participants libyens, a tenu essentiellement à remercier l'Algérie et la mission de l'ONU pour la Libye, pour leurs efforts visant à "ramener la paix en Libye, et de leur permettre de discuter d'un document de paix". Il a mis en garde contre la menace terroriste dans son pays et appelé toutes les parties à faire "les concessions nécessaires" pour la formation d'un gouvernement d'union nationale et l'instauration de la paix en Libye. Cette troisième rencontre à Alger entre ces personnalités libyennes s'inscrit dans le cadre des efforts soutenus de l'Algérie pour les réunir autour de la table de dialogue. L'objectif est de parvenir à une solution politique à la crise politique et sécuritaire dans ce pays, aggravée par l'existence de deux gouvernements et de deux Parlements se disputant le pouvoir. M. T.