Après les sujets de langue arabe et de sciences islamiques, scannés et partagés sur facebook au premier jour du bac, c'était, hier, au tour du sujet de mathématiques d'y être "posté", quelques minutes seulement après sa distribution dans les salles d'examen. Le baccalauréat 2015 livre ses (premiers) résultats avant l'heure : fraudes "on line", faute flagrante dans l'épreuve de langue arabe, probable fuite des sujets... La liste des failles reste ouverte puisque la session se poursuivra jusqu'à jeudi. À qui incombe la responsabilité ? Si le ministère de l'Education a vite trouvé la réplique pour incriminer l'Office national des examens et concours (Onec) dans la désormais "affaire" de l'erreur introduite dans le sujet de langue arabe, il est difficile de dédouaner le département de Nouria Benghebrit dans tout ce qui affecte la présente session en termes de défaillances. Premier jour, première erreur : le sujet de langue arabe proposé dimanche aux candidats des filières sciences expérimentales, techniques mathématiques et gestion et économie a été, en effet, entaché par l'attribution d'un poème au Palestinien Mahmoud Darwich alors qu'il a été écrit par le Syrien Nizar Kabbani.
"Face... bac" Comme les sujets d'examen diffusés sur facebook à partir des classes d'examen aussitôt remis aux candidats, cette erreur avait vite fait le tour du même réseau social, le plus utilisé en Algérie. La réplique de la ministre de l'Education n'a pas tardé. "Cette erreur n'influera pas sur l'évaluation du candidat", a assuré Nouria Benghebrit, qui en a imputé la responsabilité aux services de l'Onec. Invité à s'exprimer sur le sujet, hier sur les ondes de la radio Chaîne III, l'inspecteur général du ministère de l'Education, Medjadi Messeguem, a, tout en corroborant les propos de Benghebrit, annoncé que "des mesures disciplinaires nécessaires seront prises". "Nous allons enquêter sur cela, et s'il s'avère qu'il y a eu une faute professionnelle, nous allons prendre les mesures disciplinaires qui s'imposent", a-t-il précisé, tout en reconnaissant que "c'est une erreur qui a été avérée et qui est inadmissible". Selon lui, l'erreur n'aurait, toutefois, pas eu d'effet sur le sujet puisque, dit-il, "les questions qui suivaient le poème étaient indépendantes de la biographie du poète". Qu'à cela ne tienne ! Les épreuves du baccalauréat, le sésame indispensable pour accéder à l'enseignement supérieur, ont surtout été marquées par des fraudes via les réseaux sociaux... grâce à l'utilisation de la technologie de la téléphonie 3G, récemment généralisée en Algérie. Des pages et des groupes ont été spécialement créés sur facebook Mme Benghebrit et son département n'étaient pas au bout de leur peine. Après les deux sujets de langue arabe et de sciences islamiques, scannés et partagés sur le réseau social le premier jour du bac, c'était, hier, au tour du sujet de mathématiques d'y être "posté", quelques minutes seulement après sa distribution dans les salles d'examen. Les candidats demandent aux internautes de "poster" les réponses pour qu'ils les reçoivent sur leurs smartphones... Un fait inédit que l'inspecteur du ministère ne pouvait que reconnaître. M. Messeguem a précisé que "la tutelle en a été informée et qu'elle va s'atteler à vérifier la source et le procédé". Le procédé est pourtant clair comme... un écran 2.0 ! Le représentant du ministère mise, néanmoins, sur l'ouverture d'une enquête pour identifier les auteurs de la fraude. Selon lui, si les candidats sont sommés de déposer leur téléphone avant d'entrer en salle d'examen, "la fouille n'est (toutefois) pas systématique" car, justifie-t-il, "cela prendrait deux ou trois heures pour fouiller les 600 ou 700 candidats affectés dans chaque centre". Il ajoute que l'interdiction des téléphones et autres appareils électroniques est "plus une mesure dissuasive". Ce qui fait que, poursuit-il, les élèves "réussissent parfois à la contourner en prenant des dispositions". Le représentant du département de Nouria Benghebrit avoue, néanmoins, que le dispositif général reste "très lent et bureaucratique et que c'est au contrôle que les choses n'ont pas fonctionné". "Ce qui veut dire que quelque part, il y a des failles qu'il faut corriger", a-t-il encore concédé. À en croire le même responsable du ministère de l'Education, le problème se poserait essentiellement à l'Onec. Selon lui, cette structure, relevant du secteur de l'éducation, qui "fonctionne depuis 20 ans, a pris de l'âge et ses fonctionnaires certaines habitudes". Une question s'impose : l'Onec échappait-il jusque-là au contrôle du département de Nouria Benghebrit ? Pour M. Messeguem, il s'agit là encore d'un dossier "à réformer dans les plus brefs délais". Enquête préliminaire et plainte contre X En attendant cette énième réforme, le ministère de l'Education ne pouvait que s'en remettre à la justice auprès de laquelle une plainte vient d'être "officiellement" déposée "contre X". Le ministère évoque, dans sa plainte, le seul sujet de mathématiques diffusé, dans la matinée d'hier, sur facebook. "Après la distribution des sujets aux candidats au bac, un exemplaire scanné d'une épreuve a été diffusé ce matin, lundi 8 juin (hier, ndlr), sur les réseaux sociaux. Le ministère de l'Education vient officiellement de déposer une plainte contre X auprès des services spécialisés de la justice, pour tentative de triche", précise un communiqué du ministère parvenu hier à notre rédaction. De son côté, le tribunal de Sidi-M'hamed (Alger) a, sur ordre du procureur de la République, ouvert "une enquête préliminaire sur les informations rapportées par les médias concernant la fuite de faux sujets du baccalauréat". C'est ce qu'a indiqué un communiqué du parquet. La même source a précisé que l'ouverture de cette enquête préliminaire a été décidée "suite aux informations rapportées par les différents médias nationaux sur la fuite via le réseau social, facebook, de faux sujets du baccalauréat session juin 2015". F .A.