Liberté : Un séisme de grande magnitude vient de frapper les îles indonésiennes. Une telle catastrophe était-elle prévisible ? M. Djellit Hamou : Les évaluations préliminaires confirment l'ampleur du tremblement de terre. Le centre de surveillance sismique euro-méditerranéen de Strasbourg situe la magnitude à 8,2 sur l'échelle de Richter. Les Américains l'évaluent à 8,5. De leur côté, les Indonésiens parlent de 8,9. Pour notre part, il s'agit d'un séisme lointain dont nous estimons l'amplitude entre 8,4 et 8,6. Les raisons de cette catastrophe sont liées à la configuration géologique de la région sinistrée. Les îles indonésiennes constituent un archipel de type volcanique résultant de l'affrontement de deux plaques océaniques, indienne et pacifique. Les deux mers recèlent des fonds de nature balsamique très lourde. L'Indonésie se trouve à la rencontre des deux plaques, dont la vitesse de dérive est très importante. L'une des conséquences de l'ébranlement du plancher du fond océanique est un raz-de-marée, le tsunami. Le séisme a engendré une lame de fond qui inonde les côtes indiennes et indonésiennes. Il s'agit d'un aller et retour très brutal de l'eau. La mer s'est retirée sous l'effet du choc et est revenue sous la forme de la lame de fond. La région a-t-elle déjà connu des drames de cette ampleur ? Oui. L'archipel indonésien connaît la même situation que le Japon qui se trouve plus au nord. C'est une zone dont les séismes sont liés au prolongement d'une plaque océanique dans une autre. C'est ce qu'on appelle une zone de subduction. Cette fois-ci, on a affaire à un séisme superficiel comme celui de Boumerdès. Sa profondeur est évaluée à 10 kilomètres. Ce même type de tremblement de terre a frappé Kobé au Japon. Mais des séismes plus en profondeur sont également enregistrés. Le monde connaît ces derniers temps une activité sismique très importante. La catastrophe indonésienne accentue la psychose collective. Doit-on s'attendre à d'autres drames de même nature ? C'est un sujet très délicat. Le monde connaît, certes, une activité remarquable, mais on ne peut pas rattacher des séismes à d'autres. Les forces mises en jeu à Sumatra intéressent un volume planétaire restreint. Elles ne peuvent pas intervenir dans une zone plus large. En tant que spécialistes, nous appréhendons les événements de manière plus sereine. Les régions situées aux frontières de deux plaques sont sujettes régulièrement à des tremblements de terre. En Algérie, la psychose est entretenue du fait que les gens ont vécu un séisme. Ils sont devenus plus sensibles. La circulation rapide de l'information accentue la peur. Pour ma part, je ne veux pas participer à cette phobie. S. L.