Décidément, la guérilla est déterminée à aller jusqu'au bout pour perturber le déroulement des élections générales du 30 janvier prochain. Abdelaziz Al Hakim, le chef de la plus grande formation politique chiite en Irak, a échappé de peu hier matin, 9h30 (6h30 GMT), à une tentative d'assassinat qui a fait treize morts et soixante-six blessés. L'attentat suicide a été perpétré à l'aide d'une voiture pigée, dont l'objectif était le bureau d'Al Hakim à Bagdad. Selon les témoins, le véhicule a foncé dans un sens interdit en direction du poste de garde du siège du parti, situé dans l'ancienne résidence du vice-premier ministre Tarek Aziz dans la capitale irakienne. Les gardes n'ont pas réussi à le stopper. La puissante explosion a brisé les vitres des habitations sur plusieurs centaines de mètres à la ronde. Le bureau a subi d'importants dégâts et une soixantaine de véhicules ont été brûlés ou endommagés. Le fils du leader, et tête de liste de la coalition irakienne pour les élection générales, a déclaré que l'attaque a été menée par “les ennemis de la nation irakienne qui refusent que les élections aient lieu à la date prévue”. Il ajoutera que les auteurs de cette tentative d'assassinat “sont les mêmes qui ont tué Mohamed Baqer Al Hakim”. Pour rappel, ce dernier, frère aîné de Abdelaziz Al Hakim et ancien chef du parti, a été assassiné dans un attentat à la voiture piégée en août 2003 à Nadjaf. Il est évident que l'objectif recherché par les auteurs de cet acte, qui vient grossir la longue liste des attentats, est de perturber ou d'empêcher le déroulement des élections générales prévues dans un mois. À voir les développements de la situation en Irak, il est impossible de prévoir la fin de ce cycle de violence. En effet, au fur et à mesure que la date du scrutin approche, des actions de guérilla sont menées au quotidien contre les forces de la coalition et tout ce qui peut représenter le gouvernement de Iyad Allaoui. Face à cette situation incontrôlable, le pouvoir provisoire en place et les Américains étudient toutes les possibilités qui pourraient permettre la tenue des élections, quitte à en étaler le déroulement sur plusieurs semaines. Cette option a été confirmée par le ministre irakien des affaires étrangères lors de sa visite en Chine. “Les élections dans les régions dangereuses comme Mossoul et autour de Bagdad pourraient être retardées pour que nous puissions concentrer nos ressources en matière de sécurité à la destruction des capacités de l'opposition à viser et à intimider les gens”, a déclaré Hoshyar Zebari dans un entretien à la presse chinoise. Pendant ce temps, l'administration Bush a porté à 150 000 soldats le nombre de ses forces en Irak, dans l'espoir de parvenir à maîtriser davantage la situation sur le plan sécuritaire. Le principal parti sunnite décide de boycotter les élections La principale formation sunnite d'Irak, le Parti islamique irakien, a annoncé, hier, qu'il se retirait de la course pour les élections générales prévues pour le 30 janvier. “Nous nous retrouvons dans l'obligation de nous retirer”, a annoncé le chef du parti, Mohsen Abdel Hamid, dans une conférence de presse à Bagdad, indiquant que cette décision avait été prise après le refus des autorités de reporter le scrutin de six mois pour lui assurer les meilleures chances de succès. “Notre parti a demandé le 5 décembre de reporter les élections de six mois en s'appuyant sur des raisons objectives”, a-t-il ajouté, faisant référence au climat d'insécurité dans plusieurs régions du pays. “Les parties concernées ont refusé jusqu'à présent d'entendre la voix de la raison et nous trouvons en conséquence dans l'obligation de nous retirer”, a déclaré M. Abdel Hamid. K. A.