C'est une réelle menace qui plane sur le GDS Amadeus. La compagnie allemande Lufthansa, précurseur dans le domaine comme à son habitude, s'est arrangée pour trouver le moyen de mettre le holà à ce que les compagnies aériennes qualifient de "dictat" des systèmes de réservation dont le plus connu et le plus utilisé dans le monde n'est autre qu'"Amadeus" (70%). Lufthansa décide, alors, de réorienter sa stratégie de distribution et de facturer, dès septembre prochain, des frais supplémentaires sur les réservations GDS de l'ordre de 16 euros. Ils seront inclus dans le prix du billet. "Il est vrai que cela va être supporté par le passager. Mais à notre niveau, cela ne nous cause aucun désagrément dans la mesure où la compagnie va mettre à la disposition des agences de voyages son propre site pour éviter cette nouvelle taxe", nous a indiqué un agent de voyage qui voit, par contre, en cette initiative "une manière d'appauvrir Amadeus Algérie dont Air Algérie est actionnaire à hauteur de 60%". C'est donc un manque à gagner très important autant pour le GDS que pour le pavillon national, notamment si le choix de Lufthansa est suivi par les autres compagnies. Ceci n'est pas du tout exclu dans la mesure où les compagnies ont de tout temps dénoncé les coûts exorbitants que leur fait subir le GDS comparé aux autres portails de réservation. "Cela tourne autour de 3 dollars par segment et c'est une énorme perte pour la compagnie lorsqu'il y a annulation ou un autre problème", précise notre interlocuteur qui révèle une autre aberration. "Air Algérie est, certes, actionnaire dans Amadeus, mais n'utilise pas cette plateforme et choisit d'utiliser un autre système appelé Mercator qu'elle a acheté aux Emiratis". Et de poursuivre : "Je suppose que la compagnie nationale l'a fait par souci d'économie, mais c'est un système complètement obsolète. En plus, les agences de voyages n'y ont pas accès comme c'est le cas pour Amadeus." Cela signifie, tout bonnement, que les agences de voyages vendent les billets d'Air Algérie sans aucune possibilité de pré-enregistrement, choix du siège ou autre modification, les promotions et toute autre information sur le vol lui-même (retard, annulation etc.). L'agent de voyage est pourtant bien plus flexible dans son mode de fonctionnement et pourrait être complémentaire aux agences d'Air Algérie qui ne travaillent pas au-delà d'une certaine heure, les week-ends et les jours fériés (hormis pour celle de l'aéroport). Certaines agences de voyages ont également évoqué "le manque de communication" avec la compagnie nationale contrairement aux autres compagnies étrangères qui activent en Algérie et qui prennent la peine, selon nos interlocuteurs, "d'organiser des réunions périodiques pour discuter du fonctionnement et des soucis qui peuvent parfois intervenir". N. S.