Le rapport publié par l'organisation non-gouvernementale Human Rights Watch (HRW), en fin de semaine dernière, sur les causes de "la montée en flèche des migrations par voie maritime à travers la méditerranée", a mis devant ses responsabilités l'Union européenne. Fort de 33 pages, le document de HRW, intitulé "La crise migratoire en Méditerranée : pourquoi les migrants fuient ; ce que l'UE devrait faire", a mis l'accent sur les réponses politiques que Bruxelles doit apporter. Car, les résultats de l'opération navale qui vient d'être lancée à proximité des côtes libyennes, depuis lundi, sont limités dans le temps. Les réseaux de trafics de migrants, vers l'Europe, adaptent leurs itinéraires et leurs méthodes aux conditions qui leurs sont offertes. Ainsi, HRW estime qu'une solution durable au drame des migrants, principalement causé par "des violations des droits humains dans leurs pays d'origine", réside dans les "priorités de l'UE (qui) doivent changer". Selon le rapport de cette organisation, "l'UE a récemment pris certaines mesures positives en vue de sauver des vies en Méditerranée, mais elle reste principalement concentrée sur les moyens de limiter les arrivées sur les rives européennes". Or, "les graves situations en matière de droits humains que ces personnes fuient montrent que les priorités de l'UE doivent changer", poursuit Human Rights Watch. Autrement dit, certains pays membres de l'Union européenne sont appelés à revoir leurs relations avec certains pays et cesser de soutenir les régimes autoritaires, aussi bien en Afrique qu'au Proche-Orient ou en Asie du Sud, d'où est issue la majorité des migrants. Les rédacteurs du rapport de HRW étayent leurs propos avec d'autres rapports établis par l'agence des Nations unies chargée des réfugiés (UNHCR). L'UNHCR a rapporté que "plus de 60% des personnes qui entreprennent le voyage viennent de Syrie, de Somalie et d'Afghanistan, des pays déchirés par la guerre et par la violence politique généralisée, ou d'Erythrée, qui est dirigée par un gouvernement très répressif", lit-on encore sur le site de HRW qui précise que "l'UE devrait poursuivre de vigoureuses opérations de recherche et de sauvetage en mer aussi longtemps que nécessaire". Judith Sunderland, chercheuse senior sur l'Europe occidentale à Human Rights Watch et auteur du rapport, a déclaré qu'"il n'y a pas de solution facile aux abus et aux épreuves terribles qui forcent tant de personnes à quitter leur pays ou aux cruautés auxquelles elles sont confrontées en chemin", confiant que "pour l'UE, il s'agit d'un défi difficile, mais qui doit être résolu en plaçant les droits humains au premier plan". Le document de HRW conclut que "l'UE devrait utiliser son influence et ses ressources plus efficacement pour faire face aux principaux facteurs qui sont à l'origine des migrations, notamment les violations systématiques des droits humains, la pauvreté, le développement inéquitable, la faible gouvernance, ainsi que les conflits violents et les situations de non-droit". L.M.