Le projet d'installation d'une usine (de montage ou de fabrication ?) de Peugeot en Algérie défraye la chronique, à tel point où Alger et Paris ne semblent pas connaître la teneur d'une telle option et/ou projet d'une extrême importance. Mardi dernier, nous avons contacté le directoire de PSA Peugeot-Citroën pour en savoir plus. Mais la chose n'est pas aussi évidente à ce stade de négociations. "PSA étudie les opportunités de développement dans la région et en Algérie en particulier. L'option d'un projet industriel dans le pays est à l'étude". C'est la réponse, l'unique réponse, qu'on a pu obtenir via le service international de communication et de marketing. Très vite, on retiendra cette phrase "l'option d'un projet industriel dans le pays est à l'étude", qui remet en cause la démarche et les effets d'annonce du ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb. Celui-ci, lors de sa dernière sortie à Constantine, semble faire pression sur Peugeot en prenant acte de la déclaration du président de la République française, François Hollande, qui précisait à son arrivée, la semaine dernière à Alger pour une visite éclair que "la France était le premier partenaire économique de l'Algérie et entendait encore développer sa présence après l'installation de très importantes entreprises, comme Renault, Sanofi, Alstom et bientôt Peugeot". Le coup est parti, Hollande a sauvé sa visite en Algérie et a évité un grave impair diplomatique, et ce, au moment où Peugeot s'apprêtait à signer un projet d'usine au Maroc. Tout est parti de là et Bouchouareb de mettre Hollande devant le fait accompli : "L'Algérie et le groupe français PSA Peugeot-Citroën discutent actuellement d'un projet de création d'une usine de fabrication de voitures en Algérie (...). À ce stade, je ne peux dire que deux choses : on travaille sur trois modèles, à savoir la Citroën C-Elysée, la 301 Peugeot et la 208 Peugeot". Qui dit vrai, qui dit faux ? Là est la question. Le lendemain, ces deux déclarations, à savoir celles de Hollande et de Bouchouareb, sont vite remises en cause par un ministre de la République, en l'occurrence Amara Benyounès, en charge du secteur du Commerce. "Le gouvernement algérien n'est pas au courant du contenu du projet d'implantation d'une usine Peugeot en Algérie. Il n'a pas été traité. On ne l'a pas encore vu. Il n'est pas sur la table du gouvernement. Je ne sais pas du tout de quoi il s'agit", a répondu Benyounès à un journaliste de TSA qui le sollicitait sur la teneur de ce projet. Cette cacophonie au sommet des deux Etats nous renvoie au projet de Peugeot quand, vers la fin des années 1980 et au début des années 1990, on évoquait déjà "un projet à l'étude". Aujourd'hui, la question est de savoir si PSA Peugeot-Citroën recèle de gros moyens pour construire une usine à l'ouest du pays, soit à 2h de route de celle de Kenitra (Maroc). La réponse étant aussi évidente, à Bouchouareb de mettre le holà : "Le temps du laisser-aller, prendre des terrains pour ensuite les abandonner, est révolu (...). Le temps est venu pour que l'Etat pense aussi à son porte-monnaie. Dorénavant, les conditions de travail seront nos conditions". F. B.