Menacée en interne, par ses propres groupuscules terroristes, la Tunisie est-elle capable de faire face aux terroristes qui s'infiltrent à travers sa frontière avec son voisin libyen. Officiellement, les autorités tunisiennes se montrent rassurantes envers l'opinion publique à Tunis, quant à un éventuel danger terroriste venant du côté libyen. "Les frontières tuniso-libyennes sont sécurisées aux plans militaire et sécuritaire", a rassuré la semaine dernière, Belhassen Oueslati, porte-parole du ministère de la Défense, ont rapporté les médias tunisiens. "Aucune menace, pour l'heure, ne pèse sur le sol tunisien du côté libyen. Il n'y a aucun risque que les affrontements entre les parties libyennes atteignent les frontières tunisiennes", a affirmé Oueslati dans une déclaration à l'agence officielle tunisienne la TAP. "Les affrontements depuis 5 années en Libye n'ont jamais eu d'incidences sur le sol tunisien, à l'exception de quelques obus qui ont atteint l'une des zones frontalières au moment de la Révolution", a-t-il encore insisté, précisant qu'"une stratégie de défense, pour faire face à toute menace à l'intégrité territoriale de la Tunisie et lui permettant d'intervenir efficacement en cas de besoin" a été mise en place par l'armée tunisienne tout au long des 459 kilomètres du tracé frontalier avec l'instable voisin libyen. Pourtant, la réalité a démenti, à maintes reprises, ces propos rassurants du gouvernement tunisien. Depuis le début de la révolution du Jasmin, à l'origine de la chute de l'ancien régime de Ben Ali en janvier 2011, plus d'une dizaine d'agents de la Garde nationale, de la police et des militaires a été tuée dans la zone frontalière avec la Libye, un pays sans Etat depuis cinq ans. Aussi, de nombreux Tunisiens, membres de cellules dormantes, ont été entraînés en Libye, où ils peuvent se rendre et revenir sans éveiller le moindre soupçon, car ils sont inconnus de la police, comme cela est le cas de l'auteur de l'attentat de Sousse vendredi. Les auteurs de l'attaque meurtrière contre le musée du Bardo, à Tunis, le 18 mars dernier, se sont formés au maniement des armes dans les camps militaires en Libye. Ils avaient quitté clandestinement la Tunisie, en traversant une frontière censée être fortement surveillée par une armée tunisienne qui n'a aucune expérience en matière de lutte antiterroriste. Selon les chiffres officiels, ils sont plus de 3 000 Tunisiens à avoir rejoins les rangs de l'Etat islamique en Irak et en Syrie. Et 500 d'entre eux seraient rentrés au pays, en traversant notamment la frontière avec la Libye. La preuve, le ministère de l'Intérieur a fait état de l'arrestation de plusieurs groupes de terroristes, tous venus de Libye. En mai dernier, huit d'entre eux ont été arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient à commettre une vague d'attentats sur le sol tunisien. Durant la même période, deux autres terroristes, de nationalité libyenne, ont été arrêtés à Tataouine par la Garde nationale. Fin mai, l'arrestation de trois personnes qui venaient de rentrer de Libye a permis le démantèlement d'un groupe de seize terroristes qui se sont infiltrés en Tunisie, en dépit du renforcement du dispositif sécuritaire à la frontière tuniso-libyenne. Les analystes avaient averti que la menace terroriste en Tunisie allait venir de la Libye, particulièrement avec l'implantation de Daech dans ce pays et sa volonté affichée d'étendre son territoire en Afrique du Nord. L. M.