Le futur port commercial de la région centre, prévu entre les villes de Cherchell (Tipasa) et de Ténès (Chlef), nécessite un investissement de près de 200 milliards de dinars, a indiqué le ministre des Transports, Boudjemaâ Talaï, dans un entretien diffusé hier par l'APS. Les financements pour la réalisation de cette infrastructure d'envergure, qui devra être réalisée en 3 étapes dans un délai de 10, ans, ne seront pas supportés par l'Etat, précise le ministre qui ajoute que les études de réalisation sont toujours en cours. "Concernant le financement des travaux, nous étudions d'autres modes compte tenu du caractère économique de l'activité portuaire largement créatrice de croissance. Mon département ministériel écarte, pour le moment, d'aller vers les financements publics", a-t-il indiqué, sans plus de précision. L'on s'interroge donc sur les modalités de financement d'un projet d'une telle envergure. M. Talaï considère la réalisation de ce port comme une "urgence" pour augmenter les capacités portuaires actuelles de la région centre qui ne seront pas en mesure de faire face à la croissance du trafic prévu à l'horizon 2050. Selon les prévisions du secteur, le volume du trafic dans cette région du pays devrait atteindre, à cet horizon, 35 millions de tonnes de marchandises par an et deux millions de conteneurs de 20 pieds annuellement contre 30% de ce volume traité actuellement par les ports d'Alger et de Ténès, soit près de 10,5 millions de tonnes actuellement. Le nouveau port du centre, qui devrait s'étendre sur une superficie de plus de 1 000 hectares, sera accompagné d'une zone logistique s'étalant sur 300 hectares pour traiter les activités maritimes. Une fois ce port réalisé, il est prévu de transférer progressivement certaines activités du port d'Alger vers cette nouvelle place portuaire. Les ports nationaux de commerce, faut-il le rappeler, ont été pour l'essentiel construits au cours de la période coloniale, pour répondre aux besoins du développement d'un commerce orienté presque exclusivement en direction de l'ancienne métropole. Les immenses efforts de développement économique entrepris depuis l'Indépendance ont, en dehors de quelques projets liés à la promotion des exportations du secteur pétrolier et gazier national, très peu touché la modernisation des ports de commerce nationaux. Pour bien mesurer l'impact de ces véritables goulots d'étranglement que sont aujourd'hui les ports nationaux, il faut relever que les surcoûts directs des dysfonctionnements qu'ils occasionnent sont extrêmement lourds pour le pays et pour son économie ; ils sont estimés, selon les experts, entre 2 et 3 milliards de dollars, annuellement, ce qui correspond approximativement au coût de réalisation d'un port de taille mondiale qui est ainsi perdu chaque année. Un secteur portuaire performant est le passage obligé pour la mise sur pied d'une économie moderne, compétitive et de moins en moins dépendante de la rente des hydrocarbures. Pour des raisons d'efficacité, de réduction des coûts et de gestion optimale des ressources les Etats, à travers le monde ont dû, dans ce contexte, se concentrer plus fortement sur leurs missions régaliennes tout en autorisant une plus grande implication de partenaires économiques et des investisseurs privés dans la gestion des activités multiples qui ont cours au sein des enceintes portuaires. Des grandes entreprises algériennes sont capables, aujourd'hui, de mobiliser les investisseurs étrangers pour la réalisation de grands ports de taille mondiale. Et ce ne sont pas les propositions qui manquent. Interrogé sur la position du gouvernement quant au souhait des organisations patronales d'ouvrir le marché du transport maritime aux sociétés algériennes privées, M. Talaï explique que cette activité pourrait faire l'objet d'une concession à travers un dispositif réglementaire qui régit cette procédure. Mais l'octroi des concessions est gelé depuis 2009 et "la levée du gel relève des prérogatives du gouvernement et non pas de celles du ministère des Transports", a affirmé le ministre. M. R.