Au cours de l'année 2004, Sonatrach a célébré son 40e anniversaire. Ce qui allait être fêté dans le faste a été gâché par l'explosion de Skikda, survenue après une série d'incidents enregistrés dans les complexes pétrochimiques d'Arzew. Cette catastrophe sans précédent dans l'histoire de Sonatrach a remis en cause deux acquis. Les clients étrangers de Sonatrach ont toujours considéré la compagnie nationale comme un fournisseur fiable. Il n'y a jamais eu, même au cours de la décennie sanglante, une rupture significative d'approvisionnement en gaz. Pour la première fois, trois milliards de mètres cubes/an s'effaçaient du marché à cause d'une défaillance de Sonatrach, suite à la perte des trois trains de liquéfaction dans l'explosion. L'année 2004 allait connaître un glissement dans le planning de redémarrage des trois unités. À fin octobre, une seule unité avait effectivement démarré. Ce qui explique la baisse des exportations de gaz de Sonatrach en 2004. Par ailleurs, la catastrophe a semé le doute sur la capacité de Sonatrach à bien gérer ses complexes pétrochimiques. Il faut reconnaître que la compagnie nationale a bien géré cette crise. D'abord, en rassurant ses clients et en remplaçant les quantités défaillantes de Gnl en fournitures en gaz naturel. Grâce à la mise en service, cette année, de l'extension du gazoduc Duran Farell reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc. Ensuite, aspect méconnu de la gestion de l'après-explosion, Sonatrach a créé un écran opaque sur les causes précises de l'incident et sur la détermination des responsabilités dans la catastrophe. En un mot, elle a masqué que Sonatrach, à un échelon ou un autre, a été défaillante. Pour une raison simple. Il fallait à tout prix que les conclusions des enquêtes ne viennent influer sur la décision des réassureurs de rembourser Sonatrach à hauteur du coût de remplacement des trois unités par un train de liquéfaction géant, confie une source sûre. Cela explique pourquoi les conclusions des différentes enquêtes n'ont pas été rendues publiques jusqu'à présent. Dans les réponses du ministre de l'Energie, on comprend en partie les causes de la catastrophe. “Il y a eu un relâchement dans la gestion de la sécurité des installations de Sonatrach. Il n'y a pas eu assez d'efforts dans la formation et le recyclage du personnel de sécurité”, a laissé entendre le premier responsable du secteur. N. R.