Contrairement aux affirmations de la compagnie nationale, de nombreuses zones d'ombre entourent les origines de la catastrophe. Curieusement, les résultats des enquêtes n'ont pas été rendus publics. La catastrophe de janvier 2004, ayant entraîné la destruction de trois unités de liquéfaction du complexe de Skikda, a laissé des traces bien plus profondes. Si Sonatrach a récupéré 500 millions de dollars au titre du remboursement du sinistre par les assurances, correspondant à la valeur des trois usines, elle a perdu, ce qui est occulté, 540 millions de dollars de revenus du fait de la perte de production des trois unités et du démarrage tardif des trois usines restantes faisant partie du complexe. En effet, la production de Gnl est passée de 46 millions de mètres cubes en 2003 à 40 millions de mètres cubes en 2004, indique la Banque d'Algérie, reprenant les chiffres communiqués par Sonatrach. Le prix moyen du mètre cube de Gnl était de 93 dollars l'année dernière. Elle continuera à perdre de l'argent, mais moins en 2005, 2006 et 2007 parce qu'elle récupère dès la fin de l'année en cours l'ensemble des trois unités rescapées de la catastrophe. Ces pertes de revenus persisteront jusqu'à ce que le nouveau train géant de Skikda, qui remplacera les trois unités perdues, ainsi que le nouveau train d'Arzew commenceront à produire du GNL en principe en 2008. Le manque à gagner à moyen terme dépasserait le milliard de dollars. C'est de quoi construire 100 000 logements et 100 000 emplois ! Elle déboursera de surcroît 1 milliard de dollars pour réaliser le gros train de Skikda. Contrairement aux affirmations de Sonatrach, ce n'est pas principalement le gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc appelé, GME, qui a compensé en 2004 la perte des trois usines à travers l'extension de ses capacités bouclée en 2004, mais l'optimisation du gazoduc vers l'Italie via la Tunisie et des complexes de liquéfaction d'Arzew qui ont produit à plein régime. En 2004, Sonatrach a exporté 35 milliards de mètres cubes de gaz naturel : 25,30 par le Transmed, le restant par le GME, indique la revue statistique de BP. Elle a vendu à l'étranger 25,75 milliards de mètres cubes de GNL. Il faut reconnaître, cependant, que Sonatrach a su maintenir les exportations autour de 60 milliards de mètres cubes malgré cette catastrophe. Des observateurs étrangers soutiennent qu'elle a démontré la flexibilité de sa capacité d'exportation de gaz après l'incident grave de Skikda. Mais les origines de la catastrophe restent, aujourd'hui, entourées de zones d'ombre. Curieusement, Sonatrach n'a pas rendu publics les résultats des enquêtes menées par un organisme américain et celle du ministère de l'énergie. Des observateurs proches du secteur ont imputé, eux, la catastrophe au Baosem. En privilégiant dans cette procédure transparente d'appel d'offres le moins disant, elle a entraîné, selon eux, l'achat d'équipements et de pièces de rechange de moindre qualité qui sont à la source selon ces observateurs de la récurrence des incidents qui se sont produits sur les plateformes d'Arzew et de Skikda. Cette piste semble tenir la route en un sens. Puisque le scandale des cadres de Sonatrach mis en cause dans des passations de contrats irréguliers s'assimile à un détournement du Baosem, qui pourrait expliquer cette série d'incidents dans les complexes pétrochimiques de Sonatrach. N. Ryad